Alex Torres & His Latin Orchestra - Anejo

Aquí viene el sol

Qu’est-ce qui vous vient en premier lorsque l’on parle de musique de jeux vidéo ? Peut-être les sonorités chiptune de l’époque des consoles 8 et 16 bits ? Les bandes-sons saturées des jeux de guitare et de sport ? Les œuvres orchestrales grandioses de RPG ou tout simplement les sélections radio des GTA ? Bref, de la musique tout court, la désignation “de jeux vidéo” n’ayant peut-être pas tant de sens que ça finalement. Et pourtant, il y a une différence fondamentale qu’apporte le médium vidéoludique : le contexte d’écoute qu’il impose.

Les jeux de la série des Tropico sont des city-builders qui prennent pied dans des îles fictives caribéennes en pleine Guerre froide. Le joueur y incarne El Presidente, souverain local d’une république bananière, qui a pour but de faire fructifier son île et son compte en Suisse en prenant soin de contrôler un équilibre politique qui le maintiendra au pouvoir. Malgré un principe qui pousse le joueur à prendre des décisions franchement dégueulasses, l’ambiance des jeux est toujours au beau fixe grâce à une pléthore de personnages caricaturaux, de plages riches en palmiers et de musiques riches en cuivres.

C’est dans ce contexte qui vous immerge dans les Caraïbes des années 60 que j’ai découvert la musique d’Alex Torres & His Latin Orchestra, à l'œuvre sur l’OST de Tropico 3, 4 et 5. Alors que je ne m'y serais jamais intéressé de moi-même, les jeux vous proposent un décorum parfait pour apprécier au mieux une musique propre à cette région du monde. Au programme : Salsa, Mambo, Rumba et Jazz Latino-Américain. Avec leur ribambelle de percussions, leurs trompettes, leurs saxophones et leur piano, Alex Torres et sa bande posent la parfaite atmosphère pour profiter de la chaleur du climat tropical.

Avec la sortie d’Anejo, Torres célébrait trente ans de carrière qui en sont devenus quarante-cinq à l’heure où sont écrites ces lignes. Si de cet album, seules La Rumba no Canto Mas et Mambo Heavy ont été utilisées dans les jeux, l’intégralité de la tracklist est pourtant représentative de leur ambiance globale. On notera même la reprise du Here Comes the Sun des Beatles, quasiment méconnaissable dans cette version jazz chantée en espagnol.

Et si on pourrait croire qu’au bout de dizaines d’heures passées sur les îles tropiquiennes, l'ambiance sonore puisse nous lasser, il y a un titre qui a survécu à ce matraquage auto-infligé. Un titre que je me surprends à réécouter régulièrement, bien que plusieurs années se soient écoulées depuis que j’ai raccroché la casquette de Presidente.

Avec ses multiples phrases mélodiques de trompette, Mambo Heavy a tout du morceau calculé pour ressurgir dans votre cerveau à l’apparition du moindre rayon de soleil. Intercalés par quelques solos de trompette soliste et irruptions de saxophone, sa construction est faite pour ne jamais devenir lassante. Ses paroles très simples et répétées (trois phrases pour sept minutes de morceau) sont pensées pour être entendues par une foule profane qui découvrirait le groupe au détour d’une performance de rue.

Traigo pa'tí este mambo heavy que te hace feliz
Saca tu pareja que la música está buena y ponte a gozar, ponte a bailar
Bongo, bongo, toca tu mambo

On a même droit à une montée de tension menée tambour battant par un solo de bongos endiablés. Les différents instruments se taisant chacun leur tour devant la performance des percussionnistes. La libération arrivant au signal donné par Alex lui-même, accompagné par les trompettes revenant plus triomphantes que jamais.

Parmi les genres auxquels je n’aurais jamais pensé donner une oreille un jour, la salsa latino-américaine figurait en bonne place dans la liste. Si l’univers de Tropico a été le parfait écrin pour m’y faire adhérer, nul besoin de relancer le jeu pour m’y faire retourner. En cette saison où les chaleurs reviennent, la musique d’Alex Torres & His Latin Orchestra peut vite devenir la bande-son idéale d’un moment passé en terrasse ou d’une promenade ensoleillée. Ou vous pouvez écouter ça pour mettre à l'aise vos opposants lors d'un dîner au cours duquel vous leur proposerez aimablement de négocier leur retrait de la vie politique, mais il n'y a pas de saison pour ça.

Joie de VivreComment l'album va impacter votre humeur. 1/5 : Tout est noir et triste, et si je me roulais en boule ? 5/5 : Tout va bien, je souris avant tout.
TempératureIndice du mood général de l'album : 1/5 = froid, musique globalement maussade, négative, voire violente 5/5 = chaud, musique très joyeuse voire festive
Consigne du maître nageur :
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Slip de bain

Alex Torres and his orchestra - Anejo