Le Passage #15 : The Dillinger Escape Plan – Farewell Mona Lisa

Le véritable sens du mot catharsis

Au fil de nos écoutes, certains albums et certaines pistes parviennent à capter notre attention. Des morceaux qui reviennent régulièrement dans nos playlists, nos oreilles, pour combler les moments creux ou tout simplement nous faire du bien. Dans Le Passage, nous revenons sur ces chansons qui rentrent dans notre panthéon, grâce à une partie qui la fait surnager au-dessus des autres.

De tous les albums de The Dillinger Escape Plan, Option Paralysis fait probablement partie des moins plébiscités. Sorti entre les deux mastodontes que sont Ire Works et One Of Us Is The Killer, ce quatrième effort a divisé les fans dès sa sortie. La brutalité des débuts est toujours présente, mais d’une façon plus « apaisée », comme dans le titre Widower par exemple et ses légères teintes Post-Rock. Malgré la diversité des avis présents sur ce disque, il y a un morceau qui a su mettre tout le monde d’accord : Farewell Mona Lisa. Très rapidement devenu un incontournable durant leurs concerts, ce titre contient l’essence même de ce qui définit le groupe condensé en 5 minutes et 23 secondes.

Si vous ne connaissez pas TDEP, je vous recommande vivement de vous mouiller la nuque à l’eau glacée avant de foncer tête baissée les écouter. La formation évolue dans un style appelé Mathcore qui, comme son nom l’indique, est un mélange entre la brutalité du Hardcore et les polyrythmies et la technicité du Math Rock, le tout accompagné de chant hurlé et de nombreux éléments électroniques et expérimentaux. Une musique qui n’est certes pas destinée à tout le monde, mais qui n’en reste pas moins intéressante.

Maintenant que le décor est planté, revenons au titre Farewell Mona Lisa. Servant d’introduction au fameux Option Paralysis, il a le mérite d'installer l'ambiance : quelques accords de guitares distordus se font entendre avant de se faire rattraper par une batterie furieuse, une basse vrombissante et les hurlements de Greg Pusciato. S’ensuivra un chaos épileptique et complètement déjanté, marque de fabrique du groupe. Des plans plus barrés les uns que les autres s’enchaîneront jusqu’à ce que le chanteur nous gueule dans les oreilles à 1:37 :

What am I supposed to think ?!
What am I supposed to feel ?!

L’introspection avant la tempête.

C'est alors que à 1:46, la colère redescend petit à petit. La batterie se fait plus sobre, bien que saccadée, tandis que la guitare joue quelques doux arpèges. À cela s'ajoutent quelques éléments électroniques, donnant une patte si singulière à cette partie centrale du morceau. On se sent comme emporté dans les airs, flottant au-dessus des nuages, nous permettant de prendre une légère respiration. L’ambiance y est à la fois chaleureuse et inquiétante, la production fourmillant de détails et de sons particuliers. La voix refait doucement surface, semblant nous avertir de l’endroit où nous avons atterri :

There's no feeling in this place.
The echoes of the past speak louder than
Any voice I hear right now.

Nous sommes dans notre esprit, enfermé avec nos pensées. Nos souvenirs nous rongent de l’intérieur, et personne ne pourra rien y changer. La rage a laissé place à l’introspection. Un moment de flottement semblant hors du temps. Un instant qui durera près d'une minute avant que l'on revienne nous crier dessus et que le reste des musiciens durcisse une nouvelle fois le ton, revenant à l’intensité et la brutalité de son introduction.

Cette petite minute faussement apaisée vers 1:46 pourrait paraître anecdotique, mais il n’en est rien. Après s'être fait atomiser par le cataclysme que représente son exposition, elle nous permet de poser notre colère durant un bref moment afin de reprendre nos esprits... mais qui n'aura finalement pour seul effet d'accentuer notre fureur, qui n'en sera que plus forte et libératrice. Farewell Mona Lisa nous montre toute la versatilité dont a su faire preuve The Dillinger Escape Plan tout au long de sa discographie. Si vous n’avez jamais pris la peine de vous pencher sur la formation auparavant, ce morceau est probablement la parfaite porte d’entrée dans leur univers.

DéfouloirIndice sur l'envie de se défouler que l'on ressent en écoutant l'album. 1/5 : album plutôt tranquille, reposant et serein. 5/5 : album rempli d'énergie on a envie de sauter partout et de rentrer dans le moshpit
EfficacitéLa capacité de l'album à capter et maintenir l'attention de l'auditeur. 1/5 : Vous écoutez l'album d'une oreille 5/5 : L'album vous jette des étoiles dans les yeux et retient toute votre attention
Consigne du maître nageur :
Scaphandre
Scaphandre

Option Paralysis
The Dillinger Escape Plan
"Option Paralysis"