Bilan Soundbather 2022 - Partie 1

Nouvelle année, nouveau bilan

Nouvelle année, nouvelles résolutions mais toujours la même marotte du bilan ! Une partie de l'équipe s'est occupée de vous parler de ses coups de coeur de l'année 2022 et aujourd'hui, nous aurons droit aux choix de Dark Platinum, Play To Die, Léo et Asukero. Vous trouverez en fin d'article une playlist Spotify avec 5 morceaux offerts par chacun des membres de Soundbather présents dans cet article. Plaisir d'offrir...

Dark_Platinum

Collage_Antoine

Je dois bien le reconnaître, en 2022 je ne me suis pas vraiment retrouvé musicalement dans ce qui m’a été proposé au niveau des sorties. Il faut dire que contrairement aux années précédentes, rares étaient les albums que j’attendais réellement et que mes écoutes se sont principalement concentrées à redécouvrir des pépites passées. Les chances de tomber sur un réel coup de cœur dans la nouveauté s’en sont donc retrouvées diminuées.

Cependant, quelques sorties ont su faire exception à ce constat général de rendez-vous manqué et m’ont accompagnées régulièrement au cours de ces 12 derniers mois

Ainsi, tel un bon vin qu’il faut apprendre à laisser mûrir pour bien le savourer, Close de Messa a su me convaincre progressivement au fil des écoutes. Là où j’étais initialement un peu déçu de ne pas retrouver la douceur feutrée du clavier Rhodes qui m’avait fait adorer Feast for Water, j’ai finalement appris à savourer l’atmosphère plus sombre et minimaliste de ce disque, qui révèle toute son ampleur en live.

Dans un style plus doux et lumineux, parfait pour savourer les plaisirs de l’été, je ne peux que vous recommander le rock psyché tout droit sorti des 60’s de Ghost Woman et son excellent premier album éponyme. Un projet à suivre dans le futur

Passons maintenant du côté du metal extrême avec An Abstract Illusion et leur album Woe. Les suédois nous livrent ici le mariage sonore parfait entre du death metal atmosphérique rempli de blast beats brutaux mais bien utilisés et une composition nettement progressive, maîtrisée avec brio et cohérence tout le long de l’album.

Du côté du black metal, je me dois de citer l’album Renaissance de Cross Contact comme l’une des sorties les plus originales que j’ai pu entendre dernièrement. L’univers sonore ici développé, que je placerais dans la continuité d’un Darkspace, marque bien les possibilités de fusion entre un black metal glacial et de la musique électronique, ici au travers de l’usage d’une boite à rythme jouant aussi bien des blast beats que de la drum and bass.

Enfin, cette année 2022 marque également le retour de Coldworld avec son nouvel album Isolation. La formation de DSBM allemande revient toujours aussi peu joyeuse mais avec une sortie très qualitative musicalement et émotionnellement, se rapprochant selon moi du niveau de ses deux premiers et meilleurs opus Melancholie² et Autumn.

Play To Die

Collage_Cédric

2022 fut une année compliquée. Pour commencer, à part des exemples pouvant se compter sur les doigts d'une main, il y avait peu d'attentes de mon côté. Et parmi celles-ci, peu ont su les satisfaire. Meshuggah, King Gizzard And The Lizard Wizard ou encore The Comet Is Coming ont sorti des albums qui sentent le réchauffé ou ne s'élevaient hélas pas au niveau de mes envies. Non pas qu'ils soient mauvais, chacun ayant une piste pouvant devenir un classique du groupe, mais il manquait à chaque fois quelque chose de frais.

Parmi les groupes que je suis, il y eu tout de même de rares confirmations : Carpenter Brut a assis avec autorité son album de la maturité, Pogo Car Crash Control ont continué leur percée avec leur mélange de punk, thrash, grunge sur Fréquence Violence et Elder a fait du Elder. À savoir cinq morceaux, quasi une heure de durée et des voyages éthérés toujours fascinants, même si j'ai dû les faire plusieurs fois pour pleinement apprécier leur beauté, contrairement à Omens où j'étais immédiatement tombé sous leur charme.

2022 fut surtout une année avec des découvertes prometteuses. En 1er lieu, le quintet britannique Ithaca a proposé un hardcore mélodique captivant où la rage cathartique en surface cachait des thèmes et réflexions fort intéressants. En France, le groupe tourangeaux de Stuffed Foxes a sorti un diptyque entre rock, noise et post aussi hétérogène que divertissant. Il ne faut pas oublier la formidable ZZCCMXTP, projet internet hétéroclite oscillant entre le débile, le génie et le débilement génial. Cette dernière désignation colle parfaitement pour Tekkno d'Electric Callboy, groupe allemand alliant metalcore et electro ayant totalement explosé en 2022 avec ses morceaux funs et fédérateurs.

J'ai hélas manqué de temps pour pleinement découvrir quelques albums, comme ceux de King Buffalo, Devin Townsend ou Holy Fawn. Mais désormais, place à un 2023 encourageant, notamment avec les Kimbra, Rezn et Hypno5e qui vont vite arriver dans nos oreilles.

Léo-Bibi

Collage_Léo

Bien que l’année 2022 fût, selon moi, plus calme en termes de sorties que 2021 avec notamment un gros passage à vide de plusieurs mois, elle regorgeait tout de même de découvertes en tout genre, de quelques coups de cœur, mais aussi de surprises..

Tout d’abord, il faut savoir que deux albums se sont battus jusqu’au bout pour la première place de mon classement. Départager Holy Fawn et Hangman’s Chair n’a pas été une chose aisée. Finalement, je laisse A Loner sur le trône. Véritable manifeste sur la solitude, le dernier album du quatuor parisien m’aura touché droit au cœur. C’est simple : il ne m’a pas quitté depuis sa sortie en février. L’ambiance dépeinte tout du long de ses 52 minutes est unique, mélangeant le Doom, la Cold Wave et la Post Punk. A Loner a fini par devenir un disque essentiel pour moi, son aura s’étendant même bien au-delà de la musique. Et pour les avoir vu en live par deux fois cette année, je ne peux que vous recommander l’expérience s'ils passent près de chez vous.

Au niveau des découvertes, je pourrai parler de Black Country, New Road, mais je vais plutôt m’attarder sur SPACED. Petit groupe se qualifiant de « Hardcore Buffalo Style » formé il y’a tout juste un an dans l’état de New York, ils auront été ma révélation scénique de l’année. M’étant retrouvé par hasard lors de leur prestation au Brutal Assault, le quintet m'a conquis dès la première note. Une énergie folle et positive, accompagné d’une rage incommensurable et d’une chanteuse habitée par ses paroles, ils se sont très rapidement placés dans mes concerts préférés de l’année, et ce, en seulement une petite demi-heure. Leur premier EP du nom de Spaced Jams s’est donc hissé assez naturellement haut dans mon classement.

J’aimerai aussi parler rapidement de l’un des retours que j’attendais le plus, à savoir celui de Lomepal. Je ne m’étendrai pas longuement sur Mauvais Ordre ayant déjà écrit une chronique à son sujet, mais force est de constater que cet artiste ne cessera de me fasciner dans son approche de la musique, faisant de lui l’un de mes artistes préférés de la sphère Rap française.

Pour conclure, j’aimerai ajouter un petit mot sur ma plus grande surprise de l’année : Brutus. Avant 2022, je n’arrivais pas à pleinement apprécier leur musique. Et puis Unison Life est arrivé et m’a mis une baffe inattendue. Je ne m’attendais pas à l’aimer et pourtant, il m’aura complètement retourné.

Asukero

Collage_Thomas

Sur le plan personnel, cette année 2022 est assez paradoxale : d’un côté je n’ai jamais vu autant de concerts et d’un autre j’ai eu du mal à identifier les albums qui m’ont marqué. Malgré tout, ce cru 2022 est très homogène avec beaucoup de très bonnes sorties.

Mon année aura été sous le signe du Psychédélisme, à commencer par deux groupes Allemands juste en dessous du top 5: le bon vin qui se bonifie avec le temps avec My Sleeping Karma et Atma et les petits nouveaux promis à de grandes choses avec Sprial Drive et Visions in Bloom

Mais le patron de l’envolée spatiale cette année est King Buffalo avec Regenerator. Toujours aussi prolifiques, les américains pondent un album encore plus maîtrisé que leur dyptique de 2021. Le groupe s’est vraiment imposé en 2022 pour moi et pour beaucoup comme la référence Stoner Psyché.

Faisons une interlude mélancolie avec Patrick Walker qui revient avec 40 Watt Sun. 6 ans après Wider the Sky, l’ex-Warning livre un album de dark folk / doom acoustique toujours empli de tristesse, parfait pour accompagner les ambiances hivernales.. Un album qui m’a énormément touché de part la sincérité et la simplicité qui s’en dégage comme le reste du projet et tout en gardant une petite lumière pour ne pas toucher le fond complètement.

En 2020, j’avais peut-être trop d’attentes vis-à-vis d’Elder. Cette année je me suis réconcilié avec le combo : 3 prestations lives phénoménales et Innate Passage qui garde le meilleur d’Omens avec de fort relents de Reflections of a Floating World ce qui n’est pas pour me déplaire !

Qui dit beaucoup de concerts dit des découvertes en live. Wucan et son Heretic Tongues en est la parfaite illustration. Découvert au DesertFest, Mi-Krautrock, Mi-Disco avec une chanteuse/flûtiste/guitariste aussi charismatique que talentueuse et vous avez un groupe qui mériterait d’être bien plus connu tant il arrive à faire bouger le popotin de tous les stonerheads (et surtout le mien !)

Le sommet de mon classement sera réservé à A Murmur Boudlness to the East des québécois de Yoo Doo Right. Leur mélange de post-rock orchestral teinté de shoegaze et de post-punk m’a conquis. Avec 6 titres pour 45 min dont un de 17 minutes, il faut s'accrocher mais le voyage en vaut la chandelle : un jeune groupe qui propose un son aussi massif et qui regarde droit dans les yeux leurs pères spirituels comme Godspeed You! Black Emperor. Chapeau bas.