Sous une pluie diluvienne, c’est à L’Aérogare de Metz que nous amarrons notre navire ce soir. Nous entrons dans une salle pleine d’histoires et sommes accueillis par nos amis de l’Association Damage Done Productions. Il est 19h, l’heure de nous délecter d’un délicieux breuvage, de quoi nous mettre en appétit face aux burgers classiques et végé que nous proposent la salle.
Restaurés et hydratés, le moment de la messe noire approche…
20h. Le rideau s’ouvre dans une ambiance de brume bleutée, atmosphérique, aux effluves d’encens. Des bougies parsèment la scène.
Que la cérémonie commence !
All In None - Aka AÎN, un premier pas vers les abysses.
All In None - groupe de Post Black Metal du Grand Est - ouvre le bal. Le son est sombre mais aéré, la batterie aux teintes martiales accompagnée de riffs de guitares hypnotisants et d’une basse ronde, viennent donner de l’ampleur aux aspects chamaniques du chant crié. Quelques tintements de cloche, un bol de rituel utilisé par le chanteur, on se sent comme enveloppé d’un vent glacial mais aussi par des entités invisibles.
Ce soir, le groupe nous offre son nouvel opus, en exclusivité, qu'hélas nous n'avons pas pu savourer dans les meilleures conditions.
Quelques soucis techniques, liés à un faux contact de câble, se sont immiscés, rendant les musiciens assez statiques dans leurs mouvements et les empêchant de vivre intensément leur musique. Nous sentons une certaine retenue, du groupe comme du public. Malgré cela, la formation ne perd pas le cap et continue de nous abreuver de leur noirceur aux odeurs d'encens et de cire brulée.
Le temps défile, nous passons un bon moment, avec une pointe de frustration quant aux coupures sons. Groupe à revoir toutefois et, espérons le, sans anomalie.
Setlist :
Stance I
Stance II
Stance III
Stance IV
Stance V
Stance VI


The Great Old Ones, le récit du Néant.
Vient alors le moment d’accueillir nos grands anciens. Le brouillard s’est glissé dans la salle avant même que les derniers faisceaux de lumière ne s’éteignent. Le silence s’est alors fendu - une corde a vibré, et le gouffre s’est ouvert. The Great Old Ones nous emmène vers la cité de Kadath (sorti en janvier 2025).
Sur scène, cinq silhouettes sans visage dressées comme des prêtres de l’ombre. Pas un mot. Pas un geste inutile. Seulement le flot ininterrompu d’un black metal qui ne hurle pas vers le néant mais depuis celui-ci. C’est avec Me, The Dreamer que les guitares tissent des toiles, que la batterie martèle comme le cœur d’une divinité oubliée, que les cris de Benjamin se déchirent sur les récifs d’un monde englouti.
Chaque morceau semble naître du précédent, chaque note semble ouvrir une porte, chaque cri fait trembler un pan de la réalité. Sur In the Mouth of Madness et The Omniscient, les lumières rouges se confondent avec la brume, les corps se balancent. Le son n’est plus musique : il est matière, il respire, il pèse. Tout est lourd et mystique, le public se laisse transporter dans ce voyage exaltant, comme si les Bordelais ramenaient à la vie l’âme même des récits de H.P. Lovecraft.
Le groupe met le feu sur Antarctica, au point d’en faire hurler l’alarme à incendie. La messe est dans l’obligation de s’arrêter le temps de régler ce désagrément. Toutefois, les spectateurs - ou cultistes - restent calmes (compliqué de revenir des abîmes). Une fois l’alerte levée, heureux et rassurés, le groupe reprend son set et nous nous retrouvons une fois de plus dans ce monde lovecraftien. C’est ainsi que résonne Under The Sign Of Koth suivie par Leng, dernier souffle instrumental de près de 15 minutes, climax d’un univers en dissolution. On comprend qu’ici, rien n’est laissé au hasard. Chaque note est un mot d’un langage ancien.
Le show s’achève mais nous demeurons presque immobile, comme si nous refusions de rompre le charme, comme pétrifié par l’indicible.
On ne “voit” pas The Great Old Ones, on le vit, on en ressort altéré. Ce n’est pas un concert : c’est un rite. Une incantation cosmique offerte aux profondeurs.
Setlist :
Me, The Dreamer
Those From Ulthar
In The Mouth of Madness
The Omniscient
Jonas
The Shadow Over Innsmouth
Antarctica (juste une partie en raison de l'alarme à incendie)
Under the Sign of Koth
Leng


L'équipage lève l'ancre une fois encore, laissant derrière lui les lueurs vacillantes de l'Aérogare pour s'abandonner aux ténèbres mouvantes de l'inconnu, là où même les dieux se taisent et où commence la véritable aventure.
Nous tenons à remercier Damage Done Productions pour cette traversée nocturne - une belle réussite malgré les tempêtes techniques qui ont tenté de troubler notre navigation. Leur maîtrise de l'organisation, semblable à celle d'un capitaine défiant les courants d'outre-monde, mérite plus qu'un salut : un hommage sous les étoiles mortes.
Toutes les photos ont été prises par KatPPhoto.
L'Aérogare
Metz, France
- Groupe(s) : The Great Old Ones, All In None
- Date : 20/10/2025


