Loudblast et Creeping Fear - Aérogare de Metz (27/11/25)

Loudblast et Creeping Fear : une soirée Death sous tention

L'Aérogare de Metz s'est transformée en antre métallique, un refuge où la nuit semble battre au rythme des doubles pédales et des gorges éraillées. La salle, modeste mais vibrante, réunit une petite centaine de personnes - assez pour que chaque respiration compte et que les murs eux-mêmes semblent absorber la ferveur. Une soirée dense, sans chichi, taillée pour les amoureux du Death qui cogne au sternum.

Creeping Fear, la mise en bouche rugueuse.

Creeping Fear, groupe de région parisienne, ouvre les hostilités.

Musicalement, le groupe combine riffs massifs, rythmiques écrasantes, growls profonds : un son old school mais affiné, capable de rappeler les géants du death brutal et underground. Le son, quelque peu brouillon, avale les solos quelque part entre plafond et retour de scène, mais la rythmique tient la baraque avec une efficacité implacable. La batterie déroule des plans nerveux et bien pensés, utiles pour maintenir la cohésion dans ce tumulte sonore.

Le bassiste, légèrement plus discret – de retour semble-t-il d'une tournée avec Benighted – assure néanmoins le rôle essentiel de colonne vertébrale.

Résultat : pas de grand éclat, mais une première partie sincère, rugueuse, qui plante correctement le décor d’une soirée placée sous le signe du death pur et sans vernis.

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Loudblast, une machine bien huilée.

Pour célébrer quatre décennies de carrière, Loudblast a rappelé ce soir pourquoi il est l’un des piliers du metal extrême français.

Quand le groupe arrive, l’atmosphère se resserre immédiatement. Steering For Paradise (1991) et Turn The Scale (1993) nous ramènent des années en arrière, une belle nostalgie s'installe. Quelques soucis avec les retours font un peu trébucher les premières minutes, mais le groupe enchaîne avec Flesh, coup de grâce providentiel puisque c’est l’un de mes morceaux favoris. Le son retrouve rapidement sa netteté, l’ambiance grimpe, et le public adhère sans retenue.

La formation du soir impose une nuance intéressante : à la guitare c’est Pierre-Emmanuel Pélission – que l’on voit habituellement à la basse lorsqu’il remplace Frédéric Leclerc – quand ce dernier tourne avec Kreator. Ici, la donne est inversée : Leclerc est bien présent à la basse, tandis que Pélisson manie la guitare pour la première fois avec Loudblast. Un choix qui a apporté une saveur particulière au set, comme une célébration incarnée de l’histoire mouvante du groupe.

La setlist, pensée comme une rétrospective, enchaîne les classiques incontournables et quelques titres plus récents, offrant un panorama complet de l’évolution du groupe. Le public, composé autant de fans de la première heure que de nouveaux adeptes, répond avec ferveur.

Stéphane Buriez, chanteur et guitariste, mène la charge avec une présence intacte, oscillant entre maîtrise technique et énergie brute.

Les riffs tranchants, les blastbeats précis d’Hervé Coquerel et l’ambiance sombre mais fédératrice créent un mélange unique qui fait la signature de Loudblast.

La machine tourne juste, les années n’ont fait que resserrer les boulons. Le public chante même le solo sur Disquieting Beliefs, preuve que la communion est totale.

Un final à la hauteur des quatre décennies d'existence pour le groupe.

Pour clôturer la soirée, Cross The Threshold tombe comme un dernier coup de massue, un adieu bref mais incandescent, parfaitement digne d’un groupe qui fête ses quarante ans sans perdre un gramme de superbe.

Une prestation tendue, intense, parfaitement exécutée – une véritable célébration de leur héritage, et un rappel vibrant de leur place centrale dans l’histoire du métal français.

Loudblast, c’est finalement comme un grand cru de cave profonde : plus il vieillit, plus il développe une intensité qui vous accroche au palais.

SetList :

Steering for paradise
Turn The Scales
Flesh
The Horror Within
Sublime Dementia
Emptiness Crushes My Soul
My Last Journey
From Dried Bones
Putrid Age Of Decay
From Beyond
Malignant Growth
Subject to Spirit
Disquieting Beliefs
No Tears to Share
Cross The Threshold
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En sortant de la salle, je me retrouve encore avec les oreilles tapissées de refrains hurlés, la nuque légèrement endolorie, et ce petit goût d’adrénaline qui met du temps à se dissiper.

Une soirée simple, sincère, brute, où chaque groupe a montré ce qu'il avait dans le ventre.

Merci Maxence et l’Aérogare. Merci Creeping Fear pour l’échauffement qui met la soirée sur les rails, un immense merci à Loudblast pour ce set généreux, plein de passion, d’histoire et de maîtrise. Quarante ans et toujours cette étincelle – ça force le respect et ça réchauffe l’âme, même dans le chaos.

dossier photo

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L'Aérogare
Metz, France