Benny Smiles – Sunshine / Moonlight

A l’image de la pochette, qui n’est pas sans rappeler l'art du peintre Vassily Kandinsky, c’est une musique colorée et onirique que nous propose Benny Smiles avec son premier EP Sunshine / Moonlight paru en 2012.

Avec cette sortie, le musicien irlandais s’essaye à la musique électronique après un parcours musical pour le moins atypique. Ce dernier a en effet reçu une formation musicale classique en tant que trompettiste dans un premier temps, avant de devenir guitariste dans un groupe de punk hardcore puis d'enfin prendre le pseudonyme de Benny Smiles pour partir s’aventurer sur les terres de la chillwave et de la synthwave. C'est dans ce cadre qu'il produira plus tard en 2015 son morceau le plus célèbre, Hotline Miami Theme, pour la bande-son du jeu vidéo Hotline Miami 2: Wrong Number.

Moins synthwave que les productions plus tardives et connues de Benny Smiles, l'EP Sunshine / Moonlight s'inscrit beaucoup plus dans une identité sonore chillwave. Ainsi, il s’ouvre sur le très onirique Sunshine, véritable petit nuage auditif. La piste débute avec un chant harmonisé à 3 voix quasi mystique, se retrouvant rapidement noyé dans des couches de synthétiseurs très 80’s, elles mêmes plongées dans une reverb aérienne et cotonneuse. A ce petit nuage musical, une basse galopante très synthwave dans l’âme ainsi qu’une batterie à la rythmique simple viennent également apporter un groove délicat à l’ensemble déjà si apaisant.

Le minimalisme doux et lumineux de cette première piste s’enchaîne alors avec le second morceau : Sunday Morning. Cette fois, pas de nappes pour les synthés mais plutôt diverses petites couches mélodiques superposées à une basse joyeuse et légèrement glitchée servant de fil conducteur à la composition, au travers d’un motif répété et entêtant. Ces différents éléments, conjugués à des samples de claps et de tambourins, viennent créer une atmosphère presque enfantine de par l'ambiance joyeuse qui s'en dégage.

Toutefois, après ces deux premiers morceaux remplis de lumière solaire, il faut passer à la seconde moitié de l’EP, plus nocturne mais toujours aussi douce.

Ainsi arrive la chanson Moonlight pour laquelle la chanteuse Niamh Farrell prête sa voix. L’instrumentale du morceau est parcourue de samples de papier déchiré soutenant la rythmique et d’instruments aux sonorités très douces, comme par exemple du glockenspiel. L'artiste continue ainsi d'explorer l'idée d'une sonorité enfantine, bien plus marquée ici et donnant presque l'impression d'entendre une chanson pour enfants. Le côté planant et coloré est quant à lui beaucoup plus en retrait au profit d'un musique plus organique, dénotant ainsi avec l’ambiance très aérienne dégagée par le reste des morceaux.

Heureusement, la deuxième moitié de l'EP se conclut sur une piste plus marquante : Not so Far. Avec celle-ci revient l'ambiance aérienne via des samples de voix tirés de chants d'esclaves, une mélodie au piano marquante soutenue par de nombreux synthétiseurs et une batterie distante, entourée de reverb, jouant une rythmique saccadée prenante. Tous ces éléments donnent à ce morceau une dimension un peu à part, marquée par de nombreuses influences. En raison de son atmosphère et de sa composition, on pourrait ainsi faire des parallèles avec le morceau Roygbiv de Boards of Canada ou bien encore des sonorités Trip-Hop.

En somme, Sunshine / Moonlight est un EP qui vaut à mon sens réellement le détour pour être plongé dans une ambiance douce et agréable, parfaitement adaptée pour se reposer dans un petit cocon musical. La diversité créative au long des pistes est vraiment appréciable, même s'il est vrai que Moonlight remet peut-être en question la cohérence générale de l'EP (ou sa tracklist tout du moins) en employant un design sonore qui semble faire rupture avec la recette aérienne de l'ensemble. Quoi qu'il en soit, si vous voulez un petit rayon de lumière délicate pour accompagner le retour des beaux jours, je ne peux que vous recommander de jeter une oreille curieuse sur cet EP.