Hippotraktor - Meridian

De la découverte à la gifle, il n'y a qu'une écoute.

Chaque début d'année marque le moment où l'on se prend à imaginer quels albums iront garnir notre panthéon. Quels groupes chers à notre cœur annonceront un nouveau disque ? Une attente se crée, sublimant une sortie ou bien lui mettant du plomb dans l'aile au moment de se prendre le mur de la réalité en pleine face. S'il est agréable d'avoir une entité que l'on apprécie répondre à nos attentes, il est encore plus plaisant de se prendre une gifle totalement impromptue. Sans crier gare, nos oreilles se verront être comblées par une formation connue ni d'Eve ni d'Adam et qui, pourtant, va se frayer un chemin dans nos playlists. Aujourd'hui, on va se pencher sur un quintette Belge du nom d'Hippotraktor.

Un seul EP sorti en 2018 et nommé P'eau a suffi à Pelagic Records pour signer le groupe. D'abord trio instrumental, les Belges vont passer à 5. Sander Rom, aussi présent chez L'Itch, arrive en qualité de chanteur/guitariste tandis que Stefan de Graef débarque comme chanteur/percussionniste. Ce dernier évoluant dans une autre formation du roster du label Allemand à savoir Psychonaut. Ils rejoignent un power trio classique à savoir guitare, basse, batterie. Gonflés à bloc, ils surgissent armés de Meridian, leur premier album, qui avait trouvé en ses singles un terreau fertile à nos attentes.

Un groove imposant se dégage de l'écoute de ce disque. Il n'est d'ailleurs pas étonnant de retrouver des influences djent au long des sept pistes avec quelques riffs syncopés typiques de ce style. Mais n'imaginez pas retrouver un énième groupe de "0-1-0-0-0-1" metal. Hippotraktor fait infuser ceci avec des parties plus aériennes se rapprochant du post-metal cher à The Ocean par exemple, notamment sur le titre Beacons. Peut-être ce qui a convaincu Robin Staps, guitariste du collectif Allemand, de les signer sur son label.

Des riffs solides certes, mais soutenus par une section rythmique formidable. Lander De Nyn est d'une efficacité folle derrière ses fûts, apportant ce qu'il faut de puissance et de groove à l'ensemble pour faire headbanger comme il faut. On peut d'ailleurs le voir lors du playthrough de God Is In The Slumber. Sous la façade directe se cache un enchevêtrement de ghost notes et de jeu de cymbales bien pensé. Son compère à la basse, Jakob Fiszer, n'est pas en reste. Chaque apparition dans nos oreilles est un plaisir de par la qualité de ses lignes ou même juste la sonorité de sa quatre cordes. Par ailleurs, la production impeccable de cet album rend le voyage doux et soyeux alors qu'on se prend des vagues de puissance instrumentale et vocale dans les tympans. Mais tout sonne si parfaitement que l'on peut très bien enchaîner les écoutes sans avoir aucune peine à les supporter.

Par-dessus ce tapis d'instruments se trouve un duo vocal très bien construit. Des cris puissants de Stefan de Graef aux passages clairs et posés de Sander Rom, tout s'entremêle sur les mélodies et forme un tout qui sait manier les temps forts et les temps "faibles" avec brio. Et si on était conscient des qualités de De Graef de par ses prestations avec Psychonaut, on découvre son compère sur ce disque qui ne fait clairement pas pâle figure à ses côtés.

Il est difficile de vous ressortir un titre en particulier tant ce Meridian est homogène dans sa qualité. Chaque piste possède son moment clé et son passage d'exception. Le riff post-refrain sorti tout droit du djent sur Juncture est fantastique tandis que l'intro de God Is In The Slumber vous décrochera la nuque. On peut aussi parler de A Final Animation qui termine parfaitement le disque dans ses alternances de puissance et de calme. Pendant près de 42 minutes, le quintette va vous rouler dessus sans aucun ménagement et le pire, c'est que vous en redemanderez.

Sorti de nulle part au milieu d'un fil Twitter, Meridian d'Hippotraktor a une belle gueule de découverte de l'année. Arriver à prendre le groove du djent et à le coupler au post-metal était un projet qui aurait bien pu finir en gloubi-boulga sonore. Sauf que le quintette de Mechelen a travaillé son art jusqu'à accoucher d'un disque d'une qualité remarquable. L'occasion de rappeler qu'il s'agit de leur tout premier. Si l'on associe les Belges au seum depuis 2018, il est aussi temps de leur accorder toute notre attention sur le plan musical. Il faut quand même reconnaître que ce pays pourtant si plat nous offre des montagnes russes d'émotions. Il semble donc impossible pour Pelagic Records de se tromper au moment de signer de nouvelles têtes, en plus de nous faire décrocher la notre à chaque écoute.

EfficacitéLa capacité de l'album à capter et maintenir l'attention de l'auditeur. 1/5 : Vous écoutez l'album d'une oreille 5/5 : L'album vous jette des étoiles dans les yeux et retient toute votre attention
RiffingIndice de la qualité technique. 1/5 : Bof bof, même votre petit frère ferait mieux. 5/5 : Ok Steve Vai, on te laisse faire
DéfouloirIndice sur l'envie de se défouler que l'on ressent en écoutant l'album. 1/5 : album plutôt tranquille, reposant et serein. 5/5 : album rempli d'énergie on a envie de sauter partout et de rentrer dans le moshpit
FluiditéA quel point l'album est digeste sur la durée de l'écoute. 1/5 : Chaque note parait plus longue que la précédente. Cela peut être une bonne ou une mauvaise chose 5/5 : L'album s'écoute facilement, le temps passe vite
Consigne du maître nageur :
Bouteille de plongée
Bouteilles de plongée

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Hippotraktor
"Meridian"