Le Passage #10 : Yuri Gagarin - Oblivion

Perdus dans l'Espace

Au fil de nos écoutes, certains albums et certaines pistes parviennent à capter notre attention. Des morceaux qui reviennent régulièrement dans nos playlists, nos oreilles, pour combler les moments creux ou tout simplement nous faire du bien. Dans Le Passage, nous revenons sur ces chansons qui rentrent dans notre panthéon, grâce à une partie qui la fait surnager au-dessus des autres.

Faire des découvertes est toujours quelque chose de formidable. La petite flamme en soi qui s'éveille au moment de trouver une pépite méconnue, les sentiments qui s'entremêlent, l'envie de partager au monde entier en espérant que les gens ressentent la même chose. Parfois, le contexte même de la découverte va amplifier l'amour qui sera donné au groupe. L'occasion est donc toute trouvée pour parler des Suédois de Yuri Gagarin et de leur space rock formidable.

Petit retour en 2016, alors que je commençais à vraiment plonger dans le Stoner Rock. Voilà quelques mois que je saoule mon entourage avec une formation Suédoise du nom de Skraeckoedlan. Il faut dire que leur album Sagor, sorti en 2015, avait été une vraie gifle. Sauf que le groupe annonce la sortie d'un split EP, avec Black Temple, uniquement disponible lors des shows en Suède. Petite déception et direction la section commentaires sur leur post Facebook afin de poser un message pour dire que si l'on n'est pas suédois, impossible de pouvoir l'acheter et par conséquent, c'est triste. Arrive monsieur Pher Sandström, total inconnu mais qui décide, pour une raison que j'ignore, de vouloir m'aider.

De par sa gentillesse, nous arrivons à un accord. Il achète le vinyle à un show de Skraeckoedlan, je lui rembourse via Paypal et il me l'envoie. Un marché juste mais qui prendra du temps à cause de quelques soucis au niveau du paiement. Par chance, arrive le Hellfest de cette année et ce bon vieux Pher s'y trouve. L'occasion donc de le rembourser en main propre et de le remercier pour sa patience. Une fois la transaction effectuée, je n'avais plus qu'à attendre le colis qui ne mis que quelques jours à débarquer dans ma boîte aux lettres. Le fameux EP était bien là, mais accompagné de quelques stickers.

Ils ont trainé sur mon bureau quelques jours avant qu'enfin, je me décide à écouter ce fameux groupe sur ces autocollants. Yuri Gagarin, pas banal comme nom. Je tombe sur leur dernier album, au moment des faits, At The Center Of All Infinity, avec une pochette assez belle. Je me le lance sans aucune attente et je découvre l'univers du space rock, sans pour autant pouvoir mettre un nom dessus. Néanmoins, je sens que j'accroche à ce que j'écoute et que ça me plait suffisamment pour y retourner. Il aura tourné quelques fois dans mes oreilles, notamment la dernière piste qui partage une homonymie avec un titre de Mastodon, groupe que je ponçais allégrement à cette époque.

Décollage.

Quand on découvre l'univers du Stoner et de ses dérivés (wink wink), on peut être un peu surpris par la durée des morceaux, sortant allégrement du cadre radiophonique pré-conçu. C'est le cas ici avec Yuri Gagarin, offrant certes une piste de trois minutes sur son album mais faisant plus office d'interlude que de morceau à part entière. Et pour Oblivion, on dépasse les neuf, pour prolonger l'immersion et le voyage à travers l'immensité étoilée présente au-dessus de nos têtes.

Le quintette de Göteborg démarre sur les chapeaux de roue avec un premier riff offrant à notre nuque l'occasion de travailler. Ils tourneront sur cette idée pendant la première partie du titre avant de basculer vers une autre partie où Cristian Lindberg s'amuse avec sa six cordes tandis qu'en fond, on entend toujours les synthétiseurs de Robin Klockerman. C'est d'ailleurs ce dernier qui sera l'artisan principal du passage du jour, au moment de son arrivée au premier plan à 6:30.

D'une lead guitar on passe au lead clavier. Un lick qui paraît simple mais qui magnifie la partie finale avant son fade out vers les 8:00. Si toute la piste pouvait nous faire voyager à travers une fusée, ce passage est la réalisation de la beauté spatiale. Ce moment de grâce où l'on flotte dans l'Espace, avec comme vue, les étoiles, les planètes et rien d'autres que nos pensées pour nous accompagner. Ce clavier est d'une telle puissance dans sa simplicité que le titre en devient incontournable. Laissez vous embarquer par le programme suédois Yuri Gagarin. Enfilez votre combinaison de spationaute, vos meilleurs écouteurs et décollez vers la planète la plus lointaine que vous connaissez. Bon voyage.

At The Center Of All Infinity
Yuri Gagarin
"At The Center Of All Infinity"