The Fearless Flyers - Tailwinds

Funk.

Après Fear Factory et Foo Fighters, un nouveau groupe s’est paré des initiales FF. Cette fois-ci, on parle d’un quatuor envoyant de la funk avec un groove poussé au-delà de ses limites. Évoluant dans le même univers que Vulfpeck, la formation est née en 2018 avec Joe Dart, bassiste de ce même groupe, Cory Wong, guitariste ayant tourné avec eux, Nate Smith, batteur émérite et Mark Lettieri, spécialiste de la guitare baryton. Après deux EP éponymes de bonne facture sortis en 2018 et 2019, les quatre Américains sont revenus en 2020 avec un album de dix titres frôlant à peine la demi-heure au compteur.

The Fearless Flyers pourrait être considéré comme un super-groupe, dans la mesure où chaque membre a eu du succès de son côté avec une carrière en groupe pour Joe Dart ou en solo pour les autres. Tous ont une maîtrise avancée de leur instrument, notamment Nate Smith, jouant sur les deux premiers EP avec un kit réduit simplement composé d’un kick, d’une caisse claire ainsi que d’une cymbale et arrivant tout de même à envoyer du bois. À noter que c’est un groupe instrumental, aucun vocaliste ne venant perturber la bande magnétique.

Mais si vous avez la chance de voir une de leurs prestations filmées, vous vous apercevrez que le groupe a un look bien particulier. Dans leur tenue d’aviateur, avec lunettes de soleil solidement vissées sur leur nez, le groupe a : la classe. Petit bonus inhabituel renforçant leur identité, les guitares et la basse ne sont pas portées avec des sangles par leur musicien, mais tiennent en place sur un support.

The_Fearless_Flyers_Delta_Force Des tenues d’aviateur pour des groupes s'appelant The Fearless Flyers et Delta Force ? Adéquat. [source : capture d’image Youtube]

Pour Tailwinds, les quatres artistes ont vu leur groupe s’étoffer d’une section de cuivres nommée Delta Force avec trois saxophones du plus bel effet. Pour les manier, on trouve Grace Kelly (non, pas la princesse) au saxophone baryton, Alekos Syropoulos à l’alto et Ken Holmen au ténor, tous les trois dans la même tenue que le quatuor.

À quoi avons-nous le droit sur Tailwinds ? Pour aller à l’essentiel, à de la funk absolument désinhibée dans la première moitié de l'œuvre, presque euphorique par moments et qui va instinctivement vous faire danser. Ici, pas le temps de réfléchir, le septet vous embarque avec lui et vous devez obligatoirement bouger, selon la loi de la funk. La seconde moitié est un peu plus calme mais la positivité très communicative de la formation demeure et se révèle parfaite pour avoir la banane en toute circonstance.

Dans le détail, l’arrivée des cuivres donne un peps incroyable aux Fearless Flyers, reprenant deux morceaux de leur premier EP sur le début de l’album. On a l’impression qu’on a poussé le métronome à fond, même s’il n’en est rien. Nate Smith a également étoffé son kit avec de nombreux toms et cymbales et ne va pas se gêner pour les utiliser dès les premières notes de l’album. Avec Delta Force, l’ensemble rend une sensation de puissance incroyable et il faudra attendre le cinquième titre, The Birdwatcher, pour qu’ils calment le jeu. Grace, Alekos et Ken font virevolter leur instrument et élèvent véritablement le niveau du groove. Attention, ce n'est pas pour dire que les EP précédents étaient faiblards : le rythme est juste trop puissant ici. Que ce soit le strumming frénétique de Cory, la mesure carrée mais implacable de Nate, la basse de Joe posant un groove redoutable ou les arpèges débridés des saxophones, tout nous invite à un lâcher-prise total voire inconscient.

Si Assassin fait exception, la deuxième face de Tailwinds est plus posée, avec un tempo plus lent. On observe une autre facette de la formation, faisant penser au mélange de soul et de funk de la bande originale des Blues Brothers ou à Vulfpeck. Ce n’est en rien étonnant puisque Jack Stratton, multi-instrumentiste et compositeur de ce dernier groupe, a écrit Adrienne And Adrianne et The Speedwalker. On danse toujours sur la face B du vinyle, juste différemment. Ainsi, Kauai s’apparente à un slow où les musiciens nous apportent un plaisant réconfort.

Au milieu des dix pistes façonnant Tailwinds se trouvent deux morceaux particuliers. En premier lieu, Ambush, titre court de 63 secondes, est l’unique à ne pas mettre Delta Force à contribution. Seul le quatuor initial joue un rock endiablé et véloce à la frontière du metal où Nate Smith assassine les toms de sa batterie. Mark Lettieri y utilise sa guitare baryton à bon escient, alourdissant sciemment le titre, dénotant un peu avec le reste de l’album.

Le second morceau cache à peine dans son titre l'œuvre qu’il réinterprète. Kenny And The Jets est une double référence, au saxophoniste de Delta Force, Ken Holmen et bien sûr à Bennie And The Jets, célèbre titre d’Elton John présent sur la face A de Goodbye Yellow Brick Road. La reprise rend hommage de fort belle manière au pianiste anglo-saxon, les trois saxophones jouant les mélodies de sa voix. L’adaptation, sans rien perdre de l’attrait de l’originale, transpose avec brio la chanson dans un genre différent. Les saxophones sont suaves sur les “couplets” et envoûtants sur les refrains, tandis que les Fearless Flyers les supportent sobrement afin de mieux les faire briller.

Pour voler si vite, si haut, il faut ne pas avoir peur. Tailwinds est un bel avion piloté de main de maître par son équipage, nous proposant un voyage en 1ère classe vers les sommets de la funk. Du départ en trombe nous laissant à peine le temps d’attacher notre ceinture à l’arrivée en vitesse de croisière, The Fearless Flyers a concocté un album aussi jouissif que court. Si la première face semble être une ode à vivre à fond sa vie sans jamais s’arrêter, la seconde paraît encenser une forme de "dolce vita", à profiter calmement de notre existence.

L’arrivée de la Delta Force n’est pas anodine non plus, le trio ajoutant de nouvelles couleurs et une profondeur au style de la formation. Il serait aisé de croire que le groupe a toujours comporté sept membres tant un sentiment d’unisson ressort, alors que ce nouveau line-up avait tout juste un an d'existence derrière lui lors de la sortie de l'album.

Tailwinds est flamboyant, joyeux, excitant et plein de vie. N’ayez pas d’appréhension, le trajet sera agréable. Vous pourrez apprécier de superbes morceaux, confortablement installés dans les sièges de cet avion, et vous n’aurez jamais autant apprécié les turbulences que l’équipage vous fera traverser.

*La compagnie vous souhaite un plaisant voyage*

Joie de VivreComment l'album va impacter votre humeur. 1/5 : Tout est noir et triste, et si je me roulais en boule ? 5/5 : Tout va bien, je souris avant tout.
FluiditéA quel point l'album est digeste sur la durée de l'écoute. 1/5 : Chaque note parait plus longue que la précédente. Cela peut être une bonne ou une mauvaise chose 5/5 : L'album s'écoute facilement, le temps passe vite
EfficacitéLa capacité de l'album à capter et maintenir l'attention de l'auditeur. 1/5 : Vous écoutez l'album d'une oreille 5/5 : L'album vous jette des étoiles dans les yeux et retient toute votre attention
Consigne du maître nageur :
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Slip de bain

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