The Fearless Flyers - The Fearless Flyers V

Au-delà de la funk.

Ils sont de retour. Un an après leur dernier décollage, les musiciens du quatuor The Fearless Flyers reviennent pour nous délivrer un album empli de funk aérienne. Et comme ils sont cool - grâce à leurs lunettes d’aviateur - cette fois-ci les Américains ne se sont pas limités à la funk. Si les huit pistes et un peu moins de 30 minutes de musique sur ce disque peuvent sembler peu, beaucoup de belles choses qu’il convient d’explorer s'y trouvent.

Si vous avez déjà écouté le groupe, en particulier The Fearless Flyers I, II ou III, l’ouverture de l’album ne devrait pas vous dérouter : Coastal Postal et Flyers Crusade sont deux titres qui rentrent à la perfection dans la case que s’est créée le groupe. Une funk instrumentale, insouciante et ensoleillée à travers laquelle l’auditeur attentif peut percevoir l’immense talent des quatre musiciens de la formation. On retrouve même le côté espiègle de Red Arrows (sur leur précédent opus) sur Flyers Crusade. Une entrée en matière toute en douceur, où Joe Dart et Nate Smith sont les maîtres du rythme, où Cory Wong gère la guitare rythmique et où Mark Lettieri pose d’élégantes leads sur sa six-cordes. Wong et Lettieri peuvent choisir d’inverser leurs rôles, mais la recette reste la même, toujours avec une efficacité certaine. La musique est entraînante et les hochements de tête ne mettent pas longtemps à arriver.

Cependant, dès Exotic, Wong, Dart, Smith et Lettieri vont chercher au-delà de la funk pour nous offrir quelque chose de rafraîchissant. Sur ce morceau, c’est le disco qui se fait une belle place avant que la funk ne le rattrape en fin de piste. Il ne manquerait que les cuivres présents sur Tailwinds pour se retrouver sur une piste de danse enfiévrée.

Sur la seconde face de leur vinyle, The Fearless Flyers nous dévoilent SKOM, possiblement un acronyme de “Some Kind Of Monster”, titre qui penche plus sur le versant blues / soul de la force. On y retrouve beaucoup d’improvisations et de solos où les membres du groupe démontrent l’étendue de leur talent. À noter la pédale d’effet sur une des guitares qui la ferait presque sonner comme un orgue rock. Autobahn se présente au premier abord comme un titre purement funk, jusqu’à sa seconde moitié, après le break basse / batterie. On bascule alors dans une ambiance bien plus tendue, proche d’une montée typique du rock progressif. Il se peut que le nom de Porcupine Tree traverse votre esprit en entendant les guitares faire grimper l’intensité à renfort de flanger, de wah-wah et de trémolos jusqu’à la conclusion du titre.

Derrière cet effort impressionnant, Ventura semble se rapprocher des précédentes œuvres de la formation, même si un brin de mélancolie se cache derrière sa mélodie. En conclusion, Anaheim est une douce balade avec le soleil qui se couche sur la fin de journée californienne. Comme notre étoile à l’horizon, la guitare baritone de Lettieri et la six-cordes de Wong brillent de mille feux sur cette fin de disque, préférant jouer sur les émotions plutôt que la vitesse d’exécution. Il fait chaud, mais le vent se lève et on sent que le mercure ne va pas tarder à descendre. Une fermeture toute en douceur qui nous laisse apaisés et comblés avant de retourner vaquer à nos occupations.

Dans la description des titres du disque, l'un d’entre eux a été laissé - volontairement - de côté : The Warped State Of… Ce morceau est assurément l’incontournable du vinyle et s’est très vite fait une place parmi les meilleurs morceaux composés par The Fearless Flyers. Avec une subtilité et un touché fous, Mark Lettieri et sa PRS donnent à la chanson toute sa force. Que ce soit avec des accords nostalgiques et émouvants, saupoudrés de pédale chorus, ou avec un solo toute en finesse, le musicien nous joue ici ce qui est sans doute une de ses plus belles contributions, épaulés par ses trois compères lui laissant la place pour briller. The Warped State Of… est une piste qui vous attrape instantanément par les sentiments, vous pince le cœur et ne vous lâche plus, se faisant une place dans votre crâne sans effort.

Avec leur cinquième éponyme, The Fearless Flyers continuent d’étoffer la panoplie de facettes de funk qu’ils visitent, tels des aviateurs explorant le monde. À cette occasion, ils ont changé de compagnie, délaissant Vulf Records pour aller sur le label de Cory Wong, Roundwound Media, LLC. Le guitariste a profité de cet album pour prendre plus d’importance en le produisant et en le mixant. Mixage qu’il faut d’ailleurs applaudir, le son du disque étant particulièrement cristallin.

The Fearless Flyers V est un album dont les aspérités sont la plus grande force, les écarts de style enrichissant la musique du quatuor. C’est court, certes, mais a-t-on vraiment besoin de plus quand la qualité est au rendez-vous ? La formation n’a pas besoin d’épiloguer pour nous convaincre, une écoute suffit à nous faire bouger et nous émouvoir.

ClartéL'album est superbement produit, le son est de velour et vous donne envie de jouir, 5 sur 5. Si au contraire, l'album est produit avec des jouets toys'r'us; et donne envie à vos oreilles de saigner de s'autoflageller avec un port jack de 1.5m, alors 1 sur 5
EfficacitéLa capacité de l'album à capter et maintenir l'attention de l'auditeur. 1/5 : Vous écoutez l'album d'une oreille 5/5 : L'album vous jette des étoiles dans les yeux et retient toute votre attention
DélicatesseIndice de la douceur de l'album. 1/5 : l'album est assez sec. 5/5 : l'album est un champ de coton
Consigne du maître nageur :
picto 1.png
Slip de bain

The Fearless Flyers V
The Fearless Flyers
"The Fearless Flyers V"