Après la sortie de leur second album The Age Of Ephemerality, Bruit ≤ reprend la route en première partie d’Alcest entrecoupée de quelques dates en tête d’affiche. De passage à Lyon le 22 octobre 2025, nous les retrouvons avant leur concert à La Rayonne pour un plateau partagé avec Alcest et Untitled With Drums grâce à SoundsLikeHell Production qui anime la ville toute l’année en concert.
L’occasion de revenir sur le lancement de leur second album, leur approche de la création d’un spectacle live avant d’en profiter pleinement.
NDLR : Ce que vous allez lire est une retranscription d'une interview audio, certaines phrases peuvent avoir été modifiées à la retranscription pour le confort de votre lecture, mais aucun propos n'a été déformé.
L'album appartient au public désormais, il est lâché dans la nature.
Soundbather : Bonjour les gars, comment allez vous ?
Clément : Bien, et toi ?
Soundbather : Ça va, merci. La dernière fois qu'on vous avait parlé c'était il y a trois ans. Il s'est passé énormément de choses de votre côté, tant dans votre vie de musicien en général (les tournée de M83) que pour le projet Bruit ≤ qui a récemment sorti son second album. Vous êtes en train de le promouvoir, quel est votre regard sur le début de vie du disque depuis sa sortie ?
Theo : On commence à avoir du recul je dirais. Durant la période de création et de mixage il y a toujours un moment où tu es le nez dans le guidon et tu ne sais plus quoi penser de l'album, donc là, le fait de commencer à faire vivre l'album en live, on se réapproprie un peu les morceaux. Après presque trois ans de pause, on est super content d'être retourné sur la route et puis surtout de voir que l'album appartient au public désormais, il est lâché dans la nature, on peut voir les réactions entre les tracks du concert.
Soundbather : En plus c’est est un album qui a déjà eu une réaction avant même sa sortie, avec des ventes massives sur le label Pelagic, le soutien était présent avant même que vous ne sortiez de musique !
Theo : Oui, je crois qu'il y avait un premier pressage qui a été sold out très vite.
Clement : Ouais, j'imagine que c'est parce que le premier album avait une résonance chez pas mal de personnes et que du coup ces personnes-là attendaient la suite avec impatience. Ça nous a fait chaud au cœur, nous a rassuré et boosté pour la suite parce que tu te dis qu’il y a quand même une fanbase qui est là, qui t'attend, qui supporte le projet, qui nous pousse, donc c'était super chouette.
Theo : Ça arrive en plein moment de doute, c'est juste avant la sortie.
Soundbather : Pendant l'une des parties du documentaire que vous avez sorti, Clément évoque l'importance de donner suite à l'esprit de The Machine Is Burning. Des morceaux comme The Intoxication Of Power ont des éléments de Bloom, de Industry etc. J’ai relu notre toute première interview avec Théo, où tu présentais le projet comme un labo de sons extraits du contexte post-sortie et du live afin de penser l’aspect production et studio. Je me suis alors demandé si vous trouvez que l’identité de Bruit ≤ et sa direction a switché suite à The Machine Is Burning ?
Theo : Il y avait vraiment la volonté de penser au live en composant. Ça reste quand même un labo, on a essayé plein de choses : dans les techniques d'enregistrement, dans les lieux où on a enregistré, mais on a essayé dès le début de créer un squelette de compo vraiment basé sur guitare/basse/batterie/violoncelle. On a eu cet objectif pour que l’on puisse jouer en live tout l’album.
@Lukas Guidet©
Clément : C'est ça. Avec notre premier disque c'était vachement frustrant, on ne pouvait pas tout jouer. En plus, à certains moments, on était contraint dans notre mix live d'avoir un backing track protubérant. Pour les fans de musique, c'est tout de suite notable quand tu entends un orchestre entier alors que tu as juste un violoncelle sur scène. À un moment donné, t'as compris qu'il y a beaucoup de choses dans le backing track. On voulait vraiment éviter ça. Cette fois-ci, on voulait avoir un truc qui était centré sur la performance live, sur le son du groupe. Donc on a gardé ça en tête, tout en restant dans le côté labo et de temps en temps partir complètement en couille.
Ce changement s’explique car lorsqu’on a enregistré The Machine Is Burning, on pensait qu'on allait faire 5-6 dates en France, peut-être 2 en Belgique et fin de l'histoire, on passe à la suite. Comme ce qu’on faisait avant. On ne pensait pas faire 50 dates à travers l'Europe et tout ça. Là, en faisant ce disque, on espérait faire 50 dates à travers l'Europe, donc on s'est dit... tant qu'à se faire un répertoire qu'on va jouer énormément, autant faire un truc où on a vraiment des choses à jouer et où on peut vraiment proposer un live qui passe une étape par rapport à son prédécesseur.
Soundbather : Vous avez l'impression que dans The Machine Is Burning, vous avez vraiment trouvé l'identité, l’ADN de Bruit ≤ ? Qui serait à honorer, à transmettre d’album en album ?
Clément : Oui et non : quand tu fais un projet, d'abord tu cherches une identité. Je pense que l'identité de Bruit ≤, elle est dans le premier EP. Monolith avait toutes les graines qui sont déjà plantées. Après, tout le truc c'est de réussir à garder une cohérence et une continuité dans ta discographie tout en proposant les nouvelles approches et en cassant certains codes.
Par exemple, un truc qui est une signature de l'album The Machine Is Burning, c'est le côté transition : tout est tout le temps en transition, en fade out, fade in, tout est géré comme si c'était une sorte de plan séquence avec des morphing. Ça représente un cercle vicieux, donc il faut que ce cercle soit parfaitement rond et qu'on ne sente pas qu'on revienne au point de départ, là où sur The Age Of Ephemerality, il y a ce truc-là de zapping, de réseaux sociaux, de frustrations, presque d'architecture brutaliste qui vient couper un paysage en deux. Avec ça en tête, sur ce projet là, on va à l'inverse des codes qui étaient les nôtres au départ, en créant des harsh cuts et des choses qui sont presque liées à des découpages numériques et qui sont plus liées parfois à la musique électronique qu’à la musique post-rock. Donc tu vois, sur un paramètre comme ça, on propose quelque chose qui est différent et qui est raccord avec le propos. Tout le truc, malgré tout, c’est de ne pas se perdre. Je suis souvent hyper frustré quand, par exemple, le dernier album de Tame Impala, le mec il essaie de faire de la techno… Bah non, ça m'emmerde. Je n'ai pas envie de devenir ce groupe qui se perd à force d'essayer de se renouveler. Je pense qu'on est fort pour un truc spécifique. On a une formule où chacun arrive à donner le meilleur de soi-même, parce qu’on a chacun des qualités. Je préfère qu'on cultive nos qualités plutôt que l’on se batte contre nos défauts.
Theo : On est raccord là-dessus. Quand j'écoute un groupe qui a vraiment quelque chose de personnel et qui a une identité, c'est déjà rare, tout le monde n'y arrive pas. Si des gens aiment ce que tu fais pour ça, parce qu'ils trouvent quelque chose de spécial dans ce que tu proposes, c'est précieux, et il ne faut pas le zapper. Je pense également qu’on peut s'améliorer à l'infini, dans toutes les formes d’arts, donc il y a du boulot avant d'essayer de faire quelque chose qui coupe complètement avec nos racines.
Clement : Mais c'est super difficile comme calcul de trouver le juste milieu entre se renouveler sans se perdre.
Soundbather : Être juste une expansion d'une branche d'un arbre sans perdre le tronc.
Clément : Il faut toujours regarder un œil dans le rétro, justement, sur des morceaux qu'on assume et qu'on aime, comme The Machine is Burning, comme Bloom, comme Industry. Des morceaux qui font aussi l'histoire de ce projet-là et qui sont aussi la raison pour laquelle certaines personnes aiment ce projet. Et donc les garder en référence dans certains éléments de langage ou certains éléments de recette pour venir créer des connexions et des rappels avec ce qu'on fait là dans ce nouveau disque.
Soundbather : Tu créés une grammaire ou une mythologie, autour d'un projet pour transmettre différents messages.
Clément : Je trouve que le terme grammaire est juste. Le terme mythologie, c'est encore autre chose. Mais oui, la grammaire musicale.
Soundbather : Vous êtes un projet qui pense énormément à sa musique. La façon dont vous allez l'enregistrer, comment est-ce que vous poussez la production presque comme un instrument dans l'expérience du disque. Et je me suis demandé comment vous abordez la création d’un live. Quand je vous ai vu la première fois, c'était dans une toute petite salle, au Hard Rock Café à Lyon. Vous avez désormais accès à des salles, comme La Rayonne, qui offrent plus de créativité en terme de light show. Vous êtes également riche d’expérience, avec des projets touchants des scènes spécialisées mais également de participer à d'autres sur les scènes populaires comme M83, BigFlo et Oli etc. Comment avez-vous abordé la création de ce live show, tant en première partie d'Alcest que pour vos concerts en tête d'affiche ?
Clement : Je suis très très pointilleux sur le son et sur la restitution d'un truc qui possède une identité sonore très marquée et qui soit une expérience sonore qui est assez précise dans ma tête. Évidemment, on ne peut pas aller dans le niveau de détails qu'on a en studio. Il y a toujours un compromis à trouver entre essayer de restituer quelque chose qui soit aussi détaillé et savoureux qu’en studio, tout en proposant quelque chose de vivant avec plein de défauts. Tout le truc, c'est de trouver la bonne équation entre ces deux paramètres. Parce que j'ai aucune envie d'être comme ces groupes qui sonnent comme en studio sur scène. Mais je déteste aussi les groupes où tu ne retrouves pas la patate, l'ampleur du son du studio en live. Donc tout le truc c'est de trouver des moyens pour avoir des éléments forts qui sont marquants sur le disque et aussi avoir la liberté de pouvoir proposer quelque chose de différent qui évolue le long de la tournée.
@Lukas Guidet©
Donc ça effectivement, sans l'expérience que j'ai pu avoir avec les projets que t'as cité avant, je pense que j'aurais été paumé pour faire les choix corrects. Mais là si on parle purement d'un point de vue technique, aujourd'hui on tourne avec notre propre set de micro, avec notre propre console, avec notre propre boîtier de in-ears, donc on a un contrôle beaucoup plus avancé sur le son qu'on a sur scène et la manière dont on peut être en détail dans ce son là. Parce que quand tu changes de matos tous les soirs, à chaque fois il faut que tu te réadaptes aux micros. C'est comme si tu changeais d'instrument à chaque date.
Soundbather : T'as un environnement que tu connais pour mieux te laisser aller à la performance uniquement...
Theo : Et ça limite aussi le risque de problèmes techniques comme ça nous est arrivé à l’Arctangent.
Clément : Exactement, donc du coup, tu te concentres juste sur le créatif et puis après, tu essaies de créer des moments de liberté. Parfois, ça ne sonne pas comme sur le disque, et il ne faut pas forcer le truc. Il faut juste essayer de se laisser guider par les contraintes techniques. “Je ne peux pas faire ce passage parce que je n'ai pas assez de pédales sur mon pedalboard. Il faut que je trouve une saturation. Ah mais du coup, j'ai un trou dans ces fréquences-là, peut-être toi, tu peux changer de disto…” En fait, tu trouves des solutions qui permettent de trouver une architecture sonore qui fonctionne aussi pleinement que sur l'album, mais où les briques sont forcément un peu différentes. Donc tout ça, c'est un truc d'adaptation, jusqu'à un moment où l’ensemble se tient. Ça met toujours, je dirais, une petite dizaine de shows pour se sentir confortable, où tu portes le truc un peu plus en détente et où tu trouves aussi un peu plus de liberté dans tout ça. Mais j'espère que ce nouveau show te plaira en tout cas !
@Lukas Guidet©
Soundbather : Je vous dirais ! Je vois vraiment les écoutes des albums comme un voyage de A à Z, et je trouve souvent que les meilleurs shows que j'ai vu, il y a aussi cette narration de A à Z avec les morceaux qui s'enchaînent.
Clément : Il y a carrément ça. Il y a comment trouver une manière d'intégrer l'ancien répertoire au nouveau. Que ce soit pertinent et cohérent. Autour de ça, sur notre précédente tournée, on avait des vidéos qui étaient en background qui avaient été faites par notre amie Amélie, c'était une vidéo par morceau. On a vraiment travaillé une sorte de trame narrative avec quelque chose qui se déroule comme une sorte de dissertation philosophique de A à Z avec une introduction, une première manière d'aborder le sujet, une seconde, des possibilités de solutions symboliques ou politiques.
Il y a vraiment une sorte de construction où il y a un fil rouge même dans la narration de vidéo, ce qui n'était pas le cas avant. Donc ça, c'est des mois de préparation et encore une fois, c'est parce qu'on a fait cette première tournée qu’on nous a dit “ouais les vidéos c'est bien mais en fait c'est un peu random parfois”. Là on a mis beaucoup l'accent sur “ok est-ce qu'on peut réussir à vraiment raconter encore plus une histoire narrative” et comment intégrer dans la narration de ce disque Industry ? Sur The Age Of Ephemerality qui parle d'une sorte d'urgence et d'aliénation de la technique, mettre un morceau qui s'appelle Industry ça fait sens. The Machine is Burning parle d'une civilisation qui s'effondre et qui peut-être va renaître de ses cendres, ce serait une solution finale à cette folie technologique. Il y a aussi une sorte de signature à la fin. The Machine is Burning and now everyone know it could happen again et maybe it will happen again and again and again
@Lukas Guidet©
Soundbather : J'aime bien cette idée du concert qui est un peu comme un album qui se réinvente soir après soir. J’ai une autre question que je me pose souvent par rapport aux artistes qui font un concert : la place de la technique. Parce que plus tu progresses, plus ton concert est lourd sur la technique (light-show, instruments, mixage…). Et t'as typiquement le click track dans les oreilles, le métronome pour tout synchroniser avec les images, les lumières, etc. Je me demandais, quand souvent on met en avant l'envie de construire un concert très organique, où on lâche prise, mais le musicien finit par se baser sur un métronome dans ses oreilles, c'est pas quelque chose qui, à l'inverse, vous empêche de sortir de ce cadre et de limiter la spontanéité ?
Clément : Encore une fois, c'est un compromis. C'est-à-dire qu'est-ce que je gagne, qu'est-ce que je perds ? Ce que je gagne, c'est d'avoir un show vidéo ultra-travaillé tous les soirs sans avoir besoin d'une sixième personne sur la route. Ce que je gagne, c'est d'avoir certains samples de synthés, de cordes de cuivre et parfois des soutiens de prods sans avoir besoin de dix musiciens supplémentaires sur scène. C'est aussi un ingé retour en moins et diminuer le besoin matériel et d’hébergement de tout ce personnel supplémentaire lors de la tournée.
Ce que je perds, c'est effectivement de la spontanéité sur certains morceaux et de la liberté en termes de tempo. Mais nos tempos, ils ont été calculés à partir de performances live avec des courbes que l’on a dessiné pour coller à une intention initiale sans click. Il y a vraiment des courbes de tempo descendantes et montantes pour restituer une chose qui respire. Et enfin, dans le set, il y a aussi beaucoup de moments, même des moments de batterie, où il n'y a plus de click et où c'est complètement free. C'est souvent ces moments qui sont les plus ouverts en termes d'interprétation, qui sont plus liés à l'improvisation et où justement la folie du moment et l'inspiration sont les plus notables.
Sinon après, il y a quand même une musique, des choses qui sont très structurées, très orchestrées, très similaires, donc tu vois l'équilibre entre interprétation, liberté et écriture, il est toujours sur le fil.
Soundbather : Qu’est ce qui vous amène à lancer cette tournée par la première partie ? Aujourd’hui vous êtes endorsé en guest de la tournée d'Alcest. Est-ce qu'à la base vous pensiez faire quelque chose de plus en headline, ou c'est plus une opportunité qui vous est venue ?
Theo : C'est une opportunité, on le pense comme une chance. Alors après, il y a déjà eu des shows headline en septembre. On peut faire un peu des deux, on a deux sets et puis dans le cas de la première partie, on touche un nouveau public. Ça permet de rencontrer des artistes supers. Et c'est une expérience aussi qui nous apporte beaucoup, qui nous fait progresser. Quand tu disais que tu nous avais vu au Hard Rock Café, là on est dans une salle comme La Rayonne parce qu'on a la chance d'ouvrir pour Alcest. Et donc ça permet d'avoir des conditions différentes et aussi de mettre à profit tous ces progrès techniques qu'on a amenés, avec le plateau technique qui s’est alourdi entre la première tournée et celle-là. Tu vas voir que de jouer dans une configuration comme celle-là va apporter beaucoup de choses.
Clément : Il y a aussi que, comme on boycotte les plateformes de streaming depuis le début avec ce projet, jouer des concerts et toucher les gens en concert, c'est notre manière de convaincre et de rencontrer un nouveau public. Donc là, une opportunité comme ça, c'est immanquable pour nous et c'est génial parce qu'il y a plein de gens qui nous écoutent tous les soirs et ça crée du bouche à oreille. Et puis après, voilà, pouvoir jouer avec Alcest, les entendre jouer tous les soirs, les côtoyer et avoir des discussions avec eux, c'est vraiment des gens géniaux donc c'est aussi hyper chouette derrière la scène aussi.
Soundbather : Ca doit rendre l’expérience de tournée encore plus plaisante ! Je voulais ajouter aussi que quand on observe votre parcours, votre nom s’associe à des projets à grandes identités et exigences (Alcest, M83…) ce qui fait écho à l’approche de votre propre musique. De l’extérieur, il semblerait que votre exigence et votre souci du détail qui vous fait connaître diffuse dans la scène et vous apporte tout ça, et c’est très plaisant de voir cette évolution pour vous !
Theo : Merci !
Clement : Je dis souvent un truc très con : on fait de notre mieux et c'est le mieux qu'on puisse faire. C'est très con. Mais c'est très vrai !
Soundbather : J'ai réécouté le morceau The Parasite et je me suis fait la réflexion qu'en trois ans, il y a eu des mauvaises surprises comme le double rachat de bandcamp… Et à l'inverse des résonnances avec de plus en plus d'appels au boycott de Spotify. Quel est votre regard sur ces actualités ?
Theo : On a fait ce choix de boycotter, on avait des arguments et comme le fonctionnement de la plateforme a évolué vers le pire, on n'a jamais remis en question ce principe. Comme tu le dis, il y a plein d'artistes qui font les mêmes constats que nous, ils décident de s'en aller donc là-dessus, rien ne bouge, les convictions, ce sont les mêmes. L'album ne se trouve pas non plus sur Spotify et je n'ai pas l'impression que leur boss ait spécialement envie de changer son plan marketing et sa manière de fonctionner. Donc il continue d'insulter les artistes en conférence de press et d'investir dans l'armement IA. On n'a rien à se dire.
Clément : Par contre, c'est quand même chouette que le message soit passé, parce que j'ai l'impression que tout le monde le savait chez les musiciens et chez les fans de musique hardcore. Dans le grand public, pas encore.
Theo : Ça commence à changer.
Clément : On devait se justifier toutes les semaines, à répondre de notre absence là-bas. A un moment, j'avais même une réponse pré-écrite sur mon téléphone à envoyer. Et c’est pour ça qu’on a sorti The Parasite, c’est pour qu’une explication existe directement sur la plateforme.
@Lukas Guidet©
Theo : C'est vrai qu'on nous le demande plus ou presque plus.
Clement : Oui, ça c'est chouette, c'est-à-dire que les esprits se réveillent.
Theo : L'image de Spotify chez le grand public a bien changé depuis un ou deux ans.
Clement : Bandcamp n'est pas parfait, comme tu le disais. C'est un peu effrayant ce qui se passe. Ceci dit, ça reste incomparablement mieux. Aussi dans la communauté, comme dans la manière dont le staff fait les sélection d'albums, fait des articles, met des artistes en avant contrairement à toutes ces plateformes à la con.
Soundbather : Oui ça reste la meilleure alternative pour l’instant. Il y en a d'autres aussi qui montent. Enfin en tout cas, il y a une coopérative qui est en train de monter, Subvert (ndlr : une plate forme de vente possédée par ses membres plutôt que des actionnaires), je ne sais pas si vous avez eu le temps de regarder aussi un petit peu.
Theo : De loin, oui.
Clement : Ça a l’air d'être intéressant.
Theo : Ça vient de se lancer cet automne ou ça va être lancé ?
Soundbather : Il y a une version alpha qui va sortir en novembre avant une première version publique en décembre. Par contre, ils diffusent les intentions de leur projet avec le manifeste.
Theo : Il faudra voir sur 10 ans comment cela va évoluer et si le projet prend racine, mais les intentions sont super bien. C'est ce qu'il aurait fallu faire dès le début d'internet, en fait.
Soundbather : Puisque l’on parle de musique au sens plus large, vous disiez que la période de tournée est intense en écoute et découverte. Est-ce qu'en ce moment, il y a des choses que vous avez à partager ?
Clément : Ouais, on écoute plein de trucs là.
Theo : Ouais le camion ça sert à ça. On a fait plein de belles découvertes récemment. Il y a le nouveau Geese qu’on a déjà écouté deux fois avec des morceaux incroyables. Il y a un petit groupe d'Austin qui s'appelle Shallow Water, qui a sorti un album de slowcore. C'est le meilleur album de slowcore qu'on ait eu depuis longtemps.
Clement : J'ai adoré un artiste français qui s'appelle Notinbed, qui a fait un disque d'électronique, power ambiant, c'est pas un truc un peu Oneohtrix, mais différent. Il s'appelle Emotional Behavior, hyper beau disque. Il y a Oneohtrix qui va sortir un disque bientôt, il a sorti trois singles, ils sont fantastiques, donc ça présage d'être un très beau disque aussi.
Théo : En ce moment, il y a vraiment beaucoup de choses. Je trouvais qu'il y a eu un peu un passage à vide, concernant mes goûts. En tout cas, pendant un an et demi, je ne faisais pas vraiment de découverte, et en ce moment, c'est que des perles. On s'est fait rouler dessus par un album de death metal, aussi il n'y a pas longtemps. Ça s'appelle Vildhjarta. Ils viennent de sortir un album, on ne connaissait pas avant. Ce n'est pas notre style de musique, c'est un peu dur d'aller au bout d'un album comme ça, mais la production est tellement incroyable, c'est vraiment jusqu'au-boutiste.
Clement : Un groupe de copains au Danemark a sorti un projet assez étonnant pour tous les gens qui aiment la musique métal, mais qui va flirter avec plein d'autres choses. Ça s'appelle HEATHE. Ils sont uniquement sur bandcamp, et c'est un disque de métal qui peut faire penser à Swans, mais à un certain moment, tu as du vocoder, ou bien il se passe des choses très mélodiques, c'est très créatif. Donc, ouais, plein de belles choses.
Soundbather : Et bien, merci en tout cas pour votre temps, encore une fois, bonne fin de tournée avec Alcest et curieux de voir ce que vous nous réservez pour la suite !
Theo : Merci à toi !
@Lukas Guidet©


