Brant Bjork - Brant Bjork

Les herbes médicinales ne sont pas mortes.

Au début des années 90, la Californie connait un essor musical grâce à son désert. Dans cet endroit peu accueillant, les jeunes de Palm Desert se réunissent pour jouer de la musique et passer du bon temps. Dans cette pépinière à ciel ouvert va se révéler une entité qui marquera l’histoire : Kyuss.

En 4 albums, les Californiens vont faire émerger un genre qui trouvera un nom en 1997, soit un an après la séparation du groupe. Roadrunner Records sortira Burn One Up ! Music For Stoners, une compilation ou on retrouvera, entre autres, Fu Manchu, Sleep, ou encore Karma to Burn. Des groupes qui vont partager une certaine similarité sonore, une patte, un style : le Stoner Rock est né.

Un terme qui en 2020 fait débat tant il concentre énormément de choses. Mais en revenant à la base, le Stoner s’est créé du coté de Palm Desert avec des personnes alcoolisées & droguées que l’on désigne par le terme de stoner dans la langue de Shakespeare. Il ne s’agit pas du seul terme avec lequel cette musique va être nommée. En 1998, un membre de MeteorCity Records va parler de « Desert Rock » pour qualifier la compilation du label qui sortira cette même année sous le nom de Welcome to MeteorCity.

Kyuss concentrera ces deux termes dans leur musique, ce qui explique pourquoi le quatuor est cité comme étant la base de ces styles. Mais quelque chose qui ne plaira pas, c’est leur départ de la Californie pour le reste du globe. Du fait de leur popularité, une nouvelle population va venir squatter Palm Desert et ses environs. Ce qui va entraîner la chute des « Generator Parties » qui faisaient la base de ce qu’était le stoner dans les années 90. L’occasion de remarquer une tendance en observant les carrières du trio principal composant Kyuss.

Josh Homme, guitariste de l’époque, a lui suivi le chemin du mainstream et du succès mondial avec Queens Of The Stone Age qui popularisera le terme « Stoner » au grand public avec ses albums. Il sera à la base d’un procès contre ses anciens compères après que ces derniers aient voulu utiliser le nom Kyuss en 2012. Sympa le père Josh.

John Garcia, le chanteur charismatique, alternera dans plusieurs groupes (Unida, Slo Burn, Hermano, Vista Chino) puis en solo. Mais avec lui, c’est l’esprit du Désert qui reste encore en vie. Un rock âpre qui sent le sable chaud et les virées en cabriolet.

Enfin, le batteur, Brant Bjork. L’homme qui respire le cool par tous les pores et qui surtout a récupéré l’identité du stoner, que ce soit littéralement ou vis-à-vis de la musique. De par son look de shaman hippie ou bien ses nombreuses interventions un joint à la main, il est devenu le tonton de toute une scène.

Brant Bjork

Car voila plus de 20 ans que Bjork s’est fait une spécialité de parler de Marijuana & dérivés dans ses chansons. Et cela va encore se vérifier, notamment avec le titre "Mary (You're Such a Lady)", deuxième piste de l'album dont il est question aujourd'hui. Autre point, sa musique laisse largement place aux jams et au psychédélisme que le Stoner peut proposer. On a notamment pu l’écouter sur Tao Of The Devil (2016) ou bien Jacoozzi (2019).

Si vous cherchez une bande son pour votre été, alors vous êtes au bon endroit. Pendant 37 minutes, Brant Bjork déroule un rock n’roll suave qui vous permet de vous détendre comme rarement. Le tempo est plutôt lent, la voix de Bjork est à la limite du spoken word sur certains titres et les riffs sont toujours d'une efficacité redoutable. On rajoutera une batterie au groove indéniable et vous avez un disque qui vous fera passer un excellent moment. L’expérience risque même d’être amplifiée si jamais vous venez à consommer de la weed pendant l’écoute.

De sa voix suave et douce, à son jeu de guitare qui tend à partir dans de l’improvisation à la limite du jam, Brant Bjork s’occupe de tout sur cet album et il le fait bien. On peut quand même noter quelques petites longueurs qui sont malvenues, mais dans son ensemble, ce disque est une franche réussite. Mention spéciale à "Jungle In The Sound" & "Mary (You're Such A Lady)" qui ouvrent l'album de la meilleure des manières. Deux titres d'une douceur inégalé qui vous emmène dans le monde du Stoner avec une facilité déconcertante. On hoche de la tête, on se balance et on apprécie le moment au maximum.

Vous êtes dans votre hamac ou sur votre canapé. Vous allumez un joint, vous lancez cet album et le voyage démarre. Le soleil tape sur votre peau, la musique vous berce et vous emmène avec Bjork dans son univers de coolitude. Et oui, j’utilise ce terme en 2020. Dans un monde de plus en plus anxiogène et qui peut vite nous donner envie de nous tirer une balle, avoir une telle bulle d'oxygène est un luxe bienvenu.

La place de Brant Bjork dans l’histoire du stoner rock n’est pas à débattre. Avec son look de hippie et sa musique psychédélique, il a su créer un mythe. Le Stoner ne pourra jamais mourir tant que Tonton Brant veille sur lui. Ce nouvel album confirme qu’il possède un talent inégalé pour nous faire ressentir le pouvoir des herbes. Et ce, bien que l'on ne soit pas fumeur. Un talent rare.

FluiditéA quel point l'album est digeste sur la durée de l'écoute. 1/5 : Chaque note parait plus longue que la précédente. Cela peut être une bonne ou une mauvaise chose 5/5 : L'album s'écoute facilement, le temps passe vite
PsychédélismeIndice sur le côté psyché de l'album. 1/5 : On est dans le concret, le dur. 5/5 : vous voyez des couleurs défiler devant vos yeux et la musique vous propose un voyage initiatique en vous-même
TempératureIndice du mood général de l'album : 1/5 = froid, musique globalement maussade, négative, voire violente 5/5 = chaud, musique très joyeuse voire festive
ViolenceIndice de la violence de l'album. 1/5 : l'album est doux et vous susurre des paroles réconfortantes. 5/5 : l'album vous hurle dessus et vous insulte en bosniaque sous-titré slovaque
Consigne du maître nageur :
picto 1.png
Slip de bain

brant-bjork-cover.jpg
Brant Bjork
"Brant Bjork"