Mars Red Sky - Dawn Of The Dusk

Eclipse au crépuscule

Mais que s'est-il passé en décembre 2023 ? Qu’a fait Mars Red Sky pour voir son cinquième album snobé de la sorte par la critique ? Avoir la malchance de sortir un disque dans la période où tout le monde réécoute les sorties de l’année pour boucler ses tops et autres bilans ? Peut-être. Se faire, en prime, griller la priorité dans la saison des rattrapages par une actu 2024 qui a commencé sur les chapeaux de roue ? Sûrement.

Mais trêve de procrastination, nous sommes en 2025 et il n’y a plus de raison de ne pas faire honneur à Dawn of the Dusk. Enfin si, je vais quand même faire durer un peu le suspense pour revenir sur un autre événement marquant de 2023 pour Mars Red Sky : la sortie d’un EP deux-titres avec Queen of the Meadow.

Porté principalement par le single Map of Inferno, qui a eu droit à une version courte et une étendue en plus d’être reconduit plus tard sur Dawn of the Dusk, cet opus est un festival de riffs lunaires envoûtés par la voix de Helen Ferguson réincarnée en prêtresse martienne. Il serait pourtant malheureux de bouder Out at Large, contrepied stellaire de son écrasant prédécesseur. Plus bluesy et solennel dans son approche, le titre touche au somptueux dans sa seconde moitié. Le refrain y amorce une fulgurante ascension vers un solo où guitare, wah-wah et cymbales fondent en une délicieuse symbiose. Le tout menant à un climax porté par le retour du chant triomphal de Ferguson dans un grand décor de reverb que l’on a très envie de reprendre en chœur.

Mais c’est bien Map of Inferno qui a volé la vedette pour prendre une autre dimension dans les setlists live et sur Dawn of the Dusk. Chose tout à fait compréhensible de par son motif principal écrasant à souhait. Celui-ci a le bon goût d’être suffisamment catchy et alambiqué pour qu’on ressente le besoin et l’envie de le relancer pour pouvoir s’en imprégner. Le titre s’est même permis d’éclipser Break Even, premier single “officiel” de l’album qui n’aura pas fait long feu sur scène malgré qu’il soit un morceau tout à fait honorable, bien que très classique dans l’esprit.

Non, là où Dawn of the Dusk nous offre de la nouveauté c’est assurément avec The Final Round. Cette fois-ci, ce n’est pas la voix du guitariste et chanteur, Julien Pras, qui se retrouve au premier plan, mais bien celle de Jimmy Kinast, habituellement cantonné à la basse et aux chœurs. Avec un timbre et une façon de chanter rappelant parfois un certain David Bowie, cette particularité rend le morceau immédiatement identifiable dans la discographie du groupe. Mais ce n’est pas son seul intérêt car la descente aux enfers que constitue son dernier tiers est probablement ce que Mars Red Sky a composé de plus pesant jusqu’ici. Au point même d’atteindre des profondeurs dans lesquelles on s’attendrait plutôt à trouver des formations purement Doom comme Bongripper.

Cependant la pépite cachée de l’album se trouve être Carnival Man. Toute sa seconde moitié, allant de la petite interlude sabbathienne au solo stellaire tout en wah-wah, distille une alchimie que l’on sent parfaitement maîtrisée chez les Bordelais. Artistiquement, Mars Red Sky est sur une pente ascendante et c’est avec un peu d’amertume que l’on constate que le public semble encore et toujours bloqué sur Strong Reflection alors que les concerts du groupe regorgent de bons titres renouvelés à chaque sortie.

Et c’est peut-être là que se trouve le seul point faible de Dawn of the Dusk : si on ôte Map of Inferno qui n’est pas un inédit et que l’on compte Slow Attack comme un titre en trois parties, l’album ne propose que cinq nouveaux morceaux. C’est peu comparé à ce à quoi nous a habitué Mars Red Sky et on en aurait bien repris une petite louchée… Mais bon, force est d’avouer que quand le seul défaut d’un album est qu’on espérait qu’il dure un peu plus longtemps (alors qu’il dure tout de même 40 minutes) c’est vraiment que l’on a peu de choses à lui reprocher.

Heureusement l’actualité a rattrapé la conclusion de cet article puisque le trio a annoncé, en collaboration avec Monkey3, la sortie d’un EP prévu pour octobre 2025 et qui sera défendu lors d'une tournée. Autant vous dire que quand on voit les prouesses que nos trois Bordelais ont pu accomplir par le passé avec Year Of No Light puis Queen of the Meadow, le projet Monkeys on Mars nous fait sacrément envie. On a hâte de retourner sur orbite et que Mars Red Sky nous fasse tourner encore longtemps.

ProfondeurIndice sur la densité de contenu de l'album 1/5 : album au propos plutôt dépouillé voire superficiel, on en fait rapidement le tour, on l'assimile très vite 5/5 : album au contenu très riche, plusieurs écoutes seront indispensables pour espérer en capter l'essence
FluiditéA quel point l'album est digeste sur la durée de l'écoute. 1/5 : Chaque note parait plus longue que la précédente. Cela peut être une bonne ou une mauvaise chose 5/5 : L'album s'écoute facilement, le temps passe vite
Consigne du maître nageur :
Bouteille de plongée
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Dawn Of The Dusk
Mars Red Sky
"Dawn Of The Dusk"