Deathrow - Riders of Doom

Une chevauchée au cœur de l'Apocalypse

Dans le souffle lointain d’un vent glacial mortifère jaillissent soudain dans un rythme martial guitares et batterie d’outre-tombe. Tout à coup, le tempo et les notes s’accélèrent pour passer successivement du pas au trot et enfin au galop. Pas de doute possible : avec Winds of Death, morceau d’introduction de leur premier album Riders of Doom sorti en 1986, Deathrow nous prépare le terrain pour une chevauchée de quarante minutes au cœur du chaos.

Deathrow Band Deathrow dans les années 80

Les quatre cavaliers de l’apocalypse teutons ne se font pas attendre. Dès le deuxième morceau de l’album, Satan’s Gift, on a le droit à une démonstration parfaite de ce qui caractérise le thrash émergeant à la fin des 80’s en Allemagne, avec d’autres groupes plus renommés comme Kreator, Sodom ou encore Destruction, pour ne citer qu’eux. Au programme : des guitares toujours plus stridentes, une batterie toujours plus sauvage ainsi qu’un rythme toujours plus agressif et rapide. Chez Deathrow, cela se caractérise particulièrement au niveau sonore dans le choix d’une production particulièrement brute de décoffrage et saturée, mettant bien plus l’emphase sur les riffs aigus des guitares et la batterie que sur la basse, quant à elle délaissée à l’arrière-plan voire quasiment inaudible. Cette recette reste la même tout le long de l’album, lui donnant ainsi un côté très linéaire voire même un peu trop répétitif. Seul le morceau Dark Tales se distingue un peu avec la présence d’une introduction acoustique, dans un arpège pouvant rappeler le début d’Armed and Dangerous d’Anthrax, avant de repartir de plus belle au combat dans une bataille de guitares. Cette ressemblance avec le titre des américains, sorti un an plus tôt, n’est d’ailleurs pas très étonnante et est même plutôt cohérente avec la direction générale de l’album.

En effet, bien que particulièrement allemand dans son son, Riders of Doom semble très américain dans sa composition. Ainsi tout au long de l’album, on ne peut que relever l’influence du dyptique Metallica / Slayer, indéniablement présente, voire franchement omniprésente, sur certaines pistes. Des premiers, Deathrow garde surtout une approche plutôt mélodique des riffs qui n’est pas sans rappeler celle d’un Ride the Lightning (toute proportion gardée bien sûr), sorti deux ans plus tôt. Par ailleurs, on peut également soupçonner que le choix du titre de l'album et de l'artwork par les allemands soit un clin d’œil à Metallica, également connus sous l’appellation des "Quatre Cavaliers de l'Apocalypse" en référence au morceau The Four Horsemen de leur premier album. Quant aux inspirations de Slayer, ce sont surtout les thématiques occultes, l’agressivité bestiale et la structure des morceaux qui semblent primer. Le meilleur exemple de cette dernière influence se manifeste avec la piste-titre de l’album, Riders of Doom, rappelant fortement le morceau Black Magic des légendes du thrash. Bien qu’il soit aisé de reprocher au disque un manque d’originalité, en raison de ses influences parfois trop évidentes flirtant de temps en temps, il est vrai, avec du repompage de riffs, cette critique ne me semble pas tout à fait lui faire justice. Je trouve au contraire que Deathrow a ici réussi à sortir un très bon album hybride et équilibré, où l’agressivité la plus déchaînée peut cohabiter sans trop la piétiner avec une recherche de riffs plus mélodiques et sophistiqués qu’ils ne le paraissent au premier abord.

En somme, Riders of Doom est pour moi un très bon exemple, hélas trop souvent oublié, de la direction toujours plus brutale que va prendre une partie de la scène thrash metal durant la seconde moitié des années 80 puis lors des années 90, particulièrement en Allemagne mais aussi aux USA avec des groupes comme Dark Angel ou Morbid Saint. En prenant encore un peu plus de recul sur l’histoire et les évolutions du metal de manière générale, il est d’autant plus intéressant d'inscrire cet album dans une chronologie de repoussement des limites musicales, tant en terme de sonorités que de vitesse, et qui va quelques années plus tard progressivement mener à l’apparition des deux sous-genres majeurs du metal extrême : le death metal et le black metal.

VélocitéIndice sur la véhémence de la musique 1/5 : tranquille, on est en eaux calmes, l'écoute est paisible 5/5 : musique extrêmement énergique, l'auditeur non averti aura intérêt à bien s'accrocher
ViolenceIndice de la violence de l'album. 1/5 : l'album est doux et vous susurre des paroles réconfortantes. 5/5 : l'album vous hurle dessus et vous insulte en bosniaque sous-titré slovaque
FraîcheurIndice de l'apport de neuf que fait cet album. 1/5 : l'album réutilise les codes du genre et fait une bonne soupe avec de vieux pots. 5/5 : l'album invente et innove son style musical
Consigne du maître nageur :
Scaphandre
Scaphandre

Deathrow - Riders of Doom.jpg
Deathrow
"Riders of Doom"