Division Speed - Division Speed

Aux abris !

Les sirènes retentissent au loin, le message est clair : courez vous réfugier dans l’abri anti-aérien le plus proche de chez vous ! C’est votre seul espoir de survie face à l’avalanche de bombes et d’obus qui s’apprête à vous tomber dessus en lançant le premier album de Division Speed.

Le groupe allemand, dont le nom clarifie bien la volonté de vélocité, nous offre ici 45 minutes d’un speed/thrash metal old-school dévastateur, dans la lignée directe de leurs compatriotes de Sodom ou bien encore Hellish Crossfire. Dans l’arsenal auditif de l’escouade, on retrouve ainsi des guitares acérées comme des poignards, une basse qui va droit à l’essentiel, une batterie lâchant des rafales ininterrompues à des vitesses inhumaines et enfin un chant hurlé de rage dans le tumulte de la bataille. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le déferlement de feu et d’acier est au rendez-vous ! Division Speed nous roule dessus tout le long de l’album et ne nous donne que deux petites interludes, la très Cliff Burtonesque Thunderer, Monarch, Conqueror et la délicate Solemn Vigil, pour reprendre notre souffle avant de retourner de plus belle au combat.

Pour coller à sa musique ultra violente, le quatuor a donc logiquement choisi de concentrer sa thématique sur le conflit le plus destructeur du XXème siècle : la Seconde Guerre Mondiale. Je vois déjà des sourcils se froncer d’une méfiance justifiée en voyant une formation allemande traiter de cette période historique, tant les nostalgiques du dab à une main sont malheureusement répandus dans le metal extrême. Je vous rassure cependant, il ne me viendrait pas à l’idée de parler d’un tel groupe sans avoir mené quelques recherches préalables pour m'assurer qu’il n’y a pas anguille sous roche. Une erreur de ma part étant néanmoins possible, prudence reste mère de sûreté.

Pour se distancier d’une nostalgie douteuse d’un passé idéalisé, on peut souligner le fait que Division Speed parle de la guerre dans ce qu’elle a de plus inhumain et terrifiant pour les hommes du rang. Rien de très glorieux dans la boucherie décrite par le groupe. Par ailleurs, il est également important de noter le choix d’alterner les points de vue des belligérants entre les morceaux. Ce procédé permet ainsi d’avoir un mise en perspective plus globale du conflit et du carnage qui lui est associé. Cette volonté de parler de l’affrontement militaire plus largement se traduit également par le choix de traiter d’évènements assez méconnus du grand public. On peut ainsi par exemple citer Snowstorm over Narvik abordant une des premières batailles maritimes du conflit ou bien encore le morceau (engagé ?) Schwarze Scharen faisant référence aux groupes de résistance antifascistes et anarcho-syndicalistes allemands. Les morceaux Blazing Heat et Freezing Cold suivent quant à eux le parcours de la 6ème division de montagne de la Wehrmarcht (l’armée régulière allemande), qui pris part à l’occupation de la Crête avant de se retrouver déplacée dans le froid glacial du front finlandais. Division Speed marque ainsi une connaissance réelle de son sujet, preuve en est l'usage de sources d’archives. Ainsi Sturmbataillon s’ouvre sur un extrait des actualités allemandes de l’époque et Schwarze Scharen sur un discours antifasciste d’Otto Wels, un des leaders de l’opposition de gauche à s’être ouvertement opposé à la loi des plein pouvoirs voulue par les nazis à leur accession au pouvoir en 1933.

Division Speed fait ainsi une musique ouvertement bas du front mais paradoxalement réalisée de manière intelligente et réfléchie. Le groupe n’a pas la prétention de révolutionner la musique puisqu’il s’inscrit clairement dans une démarche de revival old-school mais en revanche il est dans une approche jusqu’au boutiste appréciable. Et force est de constater que ça marche, les 45 minutes passant de manière très fluide et nous donnant envie de lever le poing en scandant les refrains accrocheurs. Néanmoins l’homogénéité musicale et thématique de l’album est peut être aussi une de ses faiblesses : on peut ainsi regretter l’interchangeabilité des morceaux ainsi que le choix de se focaliser uniquement sur le front européen. A quand la bataille du Pacifique et les affrontements dans le sable libyen ? Peut-être pour le prochain album, qui sait...

VélocitéIndice sur la véhémence de la musique 1/5 : tranquille, on est en eaux calmes, l'écoute est paisible 5/5 : musique extrêmement énergique, l'auditeur non averti aura intérêt à bien s'accrocher
ViolenceIndice de la violence de l'album. 1/5 : l'album est doux et vous susurre des paroles réconfortantes. 5/5 : l'album vous hurle dessus et vous insulte en bosniaque sous-titré slovaque
DéfouloirIndice sur l'envie de se défouler que l'on ressent en écoutant l'album. 1/5 : album plutôt tranquille, reposant et serein. 5/5 : album rempli d'énergie on a envie de sauter partout et de rentrer dans le moshpit
EfficacitéLa capacité de l'album à capter et maintenir l'attention de l'auditeur. 1/5 : Vous écoutez l'album d'une oreille 5/5 : L'album vous jette des étoiles dans les yeux et retient toute votre attention
Consigne du maître nageur :
Scaphandre
Scaphandre

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Division Speed
"Division Speed"