Messa - The Spin

Eternel recommencement, éternel plaisir

Il est un adage qui affirme que la mode est un éternel recommencement. Difficile de donner tort à cette maxime quand on est spectateur des divers retours au premier plan de styles que l'on pensait désuets. Dans la musique, c'est pareil. Bien que certaines entités soient en quête de nouveauté perpétuelle, d'autres ne se gênent pas à piocher dans les vieux tiroirs pour composer. Qu'il s'agisse du revival Disco dans la Pop ou encore des influences Nu-Metal dans le Metalcore, les artistes n'hésitent pas à regarder vers le passé pour écrire le futur. Quelque chose que Messa a bien compris.

Un simple coup d'œil sur la pochette suffit pour le comprendre. L'ouroboros, le serpent qui se mord la queue, métaphore du cycle, ici tiré d'une œuvre de Nico Vascellari. Pourtant, loin de tourner en rond, la présence de gomme pneumatique sur la pochette laisse à penser qu'on est plus proche de la roue, symbole de l'avancée. Paradoxalement, les premiers singles ont montré que la marche à suivre des Italiens était les yeux rivés dans le rétroviseur. At Races pue le vieux Gothic Rock tout droit sorti de Killing Joke, une influence que l'on retrouve aussi dans les travaux récents d'une autre entité Doom importante : Hangman's Chair. À la différence des Français, la production est beaucoup plus limpide pour laisser de la place aux membres, là où chez le quatuor parisien, on semble comme étouffé. Deux visions différentes qui cohabitent parfaitement, même si la démarche de production est peut-être allée un peu loin pour la dernière sortie d'Hangman's Chair. Chez Messa, ce sont les guitares qui suintent les années 80 mais pas seulement. On retrouve également pléthore de synthétiseurs comme sur le deuxième single, The Dress, où ce tapis sonore apporte une ambiance poisseuse sur les couplets.

Des synthés, on va en retrouver disséminés tout au long des sept pistes, l'exemple le plus flagrant étant Fire On The Roof. Les couplets dégagent une vibe de générique de série TV mais la force de Messa est de ne pas tomber dans la ringardise. Il faut aussi dire que les refrains simples sont d'une efficacité redoutable et vont se loger dans votre crâne avec une facilité déconcertante. Une évidence que d'en faire le troisième single autour de ce disque. On se doit également d'évoquer l'ouverture Void Meridian qui fait sonner les notes de claviers dès la première seconde ou encore la clôture Thicker Blood dont la première partie laisse planer un certain voile menaçant, avant que le reste du groupe ne rentre en piste. Chaque intervention des synthétiseurs apporte un grain aux pistes et ajoute cette patine 80's que la guitare possédait déjà.

La force de Messa est d'avoir toujours su implanter des styles différents dans sa musique à socle Doom. Sur The Spin, on se doit d'évoquer le brillant pont Jazz sur The Dress, venu tout droit des plus grands films noirs des années 30. Coup de chapeau à Michele Tedesco pour son solo de trompette, parfaitement secondé par la guitare d'Alberto Piccolo. La trompette, un instrument peu utilisé dans les univers Stoner/Doom mais qui ici colle parfaitement à l'ambiance créée par le quatuor.

De son côté, Immolation propose une première partie avec un duo piano-voix sublime avant que le groupe ne rentre pour la seconde moitié et qu'Alberto prenne le spotlight avec ses solos endiablés. Le guitariste sort même pour la première fois un bottleneck, ustensile qu'il réutilisera sur Reveal, titre beaucoup plus rentre dedans mais qui, là encore, est une réussite.

En prenant un peu de recul, ce disque offre également une carte de visite des influences du quatuor et permet de se demander comment est-ce qu'il arrive à tout faire s'imbriquer sans que le produit fini ne soit bancal. On retrouve logiquement un socle Doom palpable, un jeu de guitare très Heavy Metal avec des solos proches de ceux des Guitar Hero et par dessus le tout, Rocco Toaldo pose quelques blast Beats de Black Metal ça et là, quand il n'offre pas, en prime, des hurlements sur la fin de Thicker Blood. Au milieu de tout ce maelstrom, on retrouve Sara Bianchin, chanteuse et figure de proue. La vocaliste incarne à merveille l'évolution de Messa, passant d'un groupe prometteur à une vraie tête d'affiche, notamment lors des lives où la frontwoman est maintenant une référence de par son chant mais aussi son charisme et sa prestance.

Il est un adage qui affirme que la mode est un éternel recommencement, cet album en est également un autre puisqu'il est difficile de ne pas enchaîner les écoutes de The Spin. Messa vient d'offrir au monde sa meilleure livrée depuis ses débuts et pourtant, la concurrence est rude puisque les Italiens sont responsables de Feast For Water, album éminemment apprécié et reconnu par les critiques et les fans. La force du quartette est de savoir se renouveler sans se dénaturer. Une façon d'avancer vers le mieux qui fonctionne à la perfection et qui nous fait tourner la tête encore et encore.

FluiditéA quel point l'album est digeste sur la durée de l'écoute. 1/5 : Chaque note parait plus longue que la précédente. Cela peut être une bonne ou une mauvaise chose 5/5 : L'album s'écoute facilement, le temps passe vite
RiffingIndice de la qualité technique. 1/5 : Bof bof, même votre petit frère ferait mieux. 5/5 : Ok Steve Vai, on te laisse faire
ImmersionIndice de l'immersion dans le voyage musical. 1/5 : l'album s'écoute les pieds bien au sol 5/5 : l'album vous emmène dans un tunnel de couleur et de sensations
Consigne du maître nageur :
Bouteille de plongée
Bouteilles de plongée

Messa-The-Spin
Messa
"The Spin"