The Hives - The Death of Randy Fitzsimmons

En plein dans le mix !

Il y a 4 ans, Lowrider mettait enfin un terme à une arlésienne longue de 19 ans. Sans atteindre un tel extrême, The Hives, autre monument suédois, vient de clore une trêve de 11 ans en sortant son sixième album. Malheureusement, celui-ci est marqué par une terrible tragédie avec le décès de leur mystérieux manager, membre fondateur et principal compositeur : Randy Fitzsimmons. C’est à cette figure quasi-mythologique que l’on doit la formation du groupe il y a 30 ans et à sa mémoire que les membres restants ont composé cet album hommage : The Death of Randy Fitzsimmons.

Mais ne vous y trompez pas, on parle de The Hives ici, pas question de faire dans le pathos. Vous pouvez garder votre plus beau costume noir d’apparat, mais apprêtez-vous tout de même à mouiller la chemise, les Suédois n’étant toujours pas décidé à faire dans la dentelle. Le premier single servant de piste d’ouverture balayera d’ailleurs très vite tout espoir de trouver de la finesse sur ce sixième opus. Bogus Operandi est taillé dans un bois qui a fait les grandes heures du groupe : riffs imparables, chœurs fédérateurs et refrains à s'époumoner de concert. Mais tout ceci, c’est presque devenu le minimum syndical chez The Hives ; la nouveauté est à chercher plutôt du côté du mixage.

Très porté sur le fuzz et fort en saturation, le disque ne fait pas dans le détail et très honnêtement, en a-t-on vraiment quelque chose à faire quand on écoute ce genre de groupe ? Le son est délicieusement gras et baveux mais reste loin de virer à la bouillie sonore. Ici on vise l’efficacité : tout ce qui compte c’est que chaque instrument se distingue sans noyer les chœurs ou la voix de Howlin Pelle Almqvist. Et s'il reste un peu de place pour exploser au visage de l’auditeur, on est preneur.

Mais assez de tergiversations, ne perdons pas une minute car c’est presque la durée de Trapdoor Solution. On parlait d’efficacité ? Eh bien vous serez servi par ce shot d’adrénaline qui ne s’embête même pas à construire un riff. Ça martèle les power chords, ça va tout droit et surtout, ça vise la tête. En tout cas ici, on prend le pari que vous fredonnerez les "Trapdoor Soluch-, Trapdoor Soluch-, Trapdoor Solution" avant même la fin de votre première écoute.

Au rayon des astuces pour faire monter l’intensité, vous connaissez probablement cette pratique éculée de monter d’un demi-ton sur le dernier refrain. Bogus Operandi en contient un bel exemple mais vous êtes-vous déjà posé la question de l’effet provoqué si cet artifice était répété plusieurs fois dans une même chanson ? Plus besoin d'imaginer, Rigor Mortis Radio vous donnera la réponse avec sa construction donnant l’impression de gravir une spirale ascendante. Ça monte, ça monte, sans jamais laisser entrevoir le sommet.

Et tant qu’on est dans les ficelles évidentes, vous aimez les claps ? Tant mieux car Crash Into The Weekend en a à revendre. Faites bien chauffer vos paumes de main car vous allez en manger sur absolument tous les temps ! Le groupe sait faire travailler vos instincts les plus primaires et ne manquera pas de vous faire vous déhancher sur l’intégralité de ses 31 minutes et demi. The Bomb et Step Out Of The Way viendront d’ailleurs finir le boulot et cramer les derniers neurones encore fonctionnels qui pourraient vous rester.

Mais comme il faut bien qu’un album aussi intense puisse respirer un peu, quelques titres un peu plus mid-tempo parsèment intelligemment la tracklist. C’est le cas de What Did I Ever Do To You? qui rappelle un peu le AM d'Arctic Monkeys. Avec son riff flirtant avec celui de Do I Wanna Know?, plongé dans l’obscurité d’une basse quasi-absente, le morceau cultive le mystère. Si bien que chaque nouvel élément apparaissant dans le morceau fait l’effet d’un petit coup de fouet. Mention spéciale au claquement de corde qui ponctue les refrains. L’arrivée des cuivres pour grandir son dernier acte magnifie le morceau. Surtout que celle-ci survient après un silence court mais notable qui fait monter la tension en sortie du pont.

Survenu à la fin de l’été, The Death Of Randy Fitzsimmons fleure bon l’ambiance un peu lugubre qui traine dans une cabane abandonnée. Son fuzz craquant nous plonge dans l’atmosphère d’un western aussi délirant que sinistre à l’image du clip de Bogus Operandi. Cette aura d’épouvante est parfaite pour aborder le retour des températures froides de la fin d’année. Cette coloration boisée fait la particularité de cet opus dans la discographie des Hives. Car même revenus d’entre les morts après 11 ans, attendait-on vraiment de la nouveauté venant de ce groupe ?

Comme toujours, c’est efficace, c’est régressif et c’est tout ce que l’on demandait.

Randy Fitzsimmons est mort ! Vive The Hives !

FraîcheurIndice de l'apport de neuf que fait cet album. 1/5 : l'album réutilise les codes du genre et fait une bonne soupe avec de vieux pots. 5/5 : l'album invente et innove son style musical
ProfondeurIndice sur la densité de contenu de l'album 1/5 : album au propos plutôt dépouillé voire superficiel, on en fait rapidement le tour, on l'assimile très vite 5/5 : album au contenu très riche, plusieurs écoutes seront indispensables pour espérer en capter l'essence
EfficacitéLa capacité de l'album à capter et maintenir l'attention de l'auditeur. 1/5 : Vous écoutez l'album d'une oreille 5/5 : L'album vous jette des étoiles dans les yeux et retient toute votre attention
Consigne du maître nageur :
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Slip de bain

The Death of Randy Fitzsimmons
The Hives
"The Death of Randy Fitzsimmons"