Lowrider - Refractions

20 ans plus tard, revoilà les darons du Stoner Suédois

20 ans. C’est ce qu’il aura fallu aux suédois de Lowrider pour sortir leur second album. En 2019 c’était Tool qui avait mis fin à son arlésienne en sortant Fear Inoculum 13 ans après leur dernier exploit. Il est bon de rappeler qu’ils ne sont pas les maîtres en la matière d’attente entre deux de leurs sorties. Les musiciens eux-mêmes frustrés de voir les années défiler sans avoir pu concrétiser leur matériel (l’écriture de l’album fut officiellement commencée en 2015). C’est avec la signature chez le label Américain Blues Funeral Recordings qu’ils ont débloqués la machine pour enfin donner vie à leur sophomore, sorti en début d’année 2020.

Seulement voilà, en 20 ans, il s’en passe des choses. Lors de la sortie de leur premier album Ode To Io, Lowrider était le cavalier solitaire de la scène stoner suédoise, premier acte de ce que le pays pouvait apporter à ce genre qui à l’époque ne rayonnait qu’avec les californiens de Fu Manchu ou de Kyuss. Deux décennies plus tard, des groupes se sont révélés, eux mêmes inspirés par les précédents noms et ont pris la place de fer de lance du Desert Rock suédois qu’occupait au début du millénaire nos amis de Lowrider. Eux mêmes aiment jouer avec leur ancienneté, leur slogan pour attirer les foules étant celui-ci :

Avant Monolord, avant Truckfighters, Greenleaf ou Graveyard. Un groupe a ouvert les portes pour annoncer la venue des riffs lourds et désertiques de la Suède sur la scène(...)

L’album s’ouvre sur “Red River”, ayant servi quelques mois avant de single et venant prouver que le groupe était de retour. On a affaire ici à un Desert Rock ayant efficacement digéré leurs influences. La production beaucoup plus propre vient apporter une pâte distincte. A leurs habitudes, basse et guitares font hurler leurs riffs avec de multiples effets de distorsions et de reverb, le tout étant sublimé par la voix lointaine de Olla Hellquist.

Cette ouverture annonce la couleur, on va avoir entre nos oreilles un stoner efficace, à la production soignée. Notre ressenti vient se confirmer avec la seconde piste, “Ode To Ganymede”, référence directe au titre du premier album (Io et Ganymède étant des lunes de la planète Jupiter). Quelques notes lancinantes servent d’introduction au morceau, suivie par cette voix baignée d’effets nous mettant en scène dans un environnement inconnu, où l’on contemple justement la lune désertique. C’est avec cette chanson que l’on entends les premières notes de synthétiseur de l’album. L’instrument va apporter toute une dimension plus psychédélique sur la durée de notre écoute.

A ce stade, les intentions sont comprises, le groupe va nous faire voyager avec eux dans leur univers spatial et lourd. Ambiance confirmée avec ma piste préférée, “Sernanders Krog”. Une mélodie psychédélique de 8 minutes, où synthés et soli entament leur dialogue alors que chaque riff joué rentre en tête et n’en ressors plus.

Notre atterrissage se fait d’un coup sec avec la piste la plus lourde du disque, “Ol’ Mule Pepe” où ici Lowrider refait hurler les cordes et les tambours afin de distribuer ce que chaque amateur de stoner aime le plus au monde : de superbes riffs qui vont faire secouer la tête de chaque auditeur.

Cette chanson et la suivante “Sun Devil/M87*” viennent s'ajouter comme deux pistes jumelles délivrant un Stoner écrasant d’efficacité.

On arrive déjà au sixième et dernier morceau, le plus long de l’album et servant de climax final. “Pipe Rider” est un gros best-of de ce que le groupe nous a servi durant notre écoute. Du haut de ces 11 minutes au compteur, on alterne passages planants, riffs lourds, voix lointaine, soli de guitares et synthés spatiaux. La batterie n’est pas en reste. Elle annonce l’arrivée d’une armada de notes toutes plus fédératrices les unes que les autres.

L’album se finit par un bouquet final d’une jam entre chaque musiciens, venant rétablir la position de Lowrider dans la scène suédoise.

C’est là la force de ce disque. A l’époque où Ode To Io était surtout un gros hommage à Kyuss de par la production et les riffs entendus, Refractions vient prouver que nos suédois ont observé ce qu’il s’est passé depuis ces 20 dernières années. Tapis dans l’ombre des concerts, ils ont pris des notes sur comment la scène de leur pays a évolué. Alternants passages Desert Rock à la Truckfighters ou Greenleaf, mélopées psychédéliques. Le tout soutenu par une très belle production à base d’effets de reverb et de distorsion. Refractions fait parti de ces albums fédérateurs à présenter à tout amateur de stoner et vient prouver encore une fois que la Suède à beaucoup de cartes à jouer sur cette scène !

Pour conclure je me permettrais de mettre la fin de leur citation, citée plus haut :

(...)Maintenant , Lowrider est enfin de retour pour démontrer leur indéniable et mythique status

Prêt à faire vrombir leurs amplis plus que jamais auparavant. C’est un pari totalement réussi qui ouvre en beauté l’année 2020.

TempératureIndice du mood général de l'album : 1/5 = froid, musique globalement maussade, négative, voire violente 5/5 = chaud, musique très joyeuse voire festive
EfficacitéLa capacité de l'album à capter et maintenir l'attention de l'auditeur. 1/5 : Vous écoutez l'album d'une oreille 5/5 : L'album vous jette des étoiles dans les yeux et retient toute votre attention
RiffingIndice de la qualité technique. 1/5 : Bof bof, même votre petit frère ferait mieux. 5/5 : Ok Steve Vai, on te laisse faire
Consigne du maître nageur :
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Slip de bain

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