Red Sun Atacama - Licancabur

Il est beau de constater que les champs lexicaux de la chaleur et de la géologie conviennent tout aussi bien à l'album Licancabur qu'au volcan dont il tire le nom. Dans le pur héritage des pères fondateurs du stoner rock et la continuité de leur démo de 2015, le trio parisien Red Sun Atacama nous offre ainsi un premier album sentant bon la transpiration et l'aridité du désert chilien, le tout avec une quantité ravissante de fuzz. Cependant, ne vous attendez pas à un simple groupe imitant Kyuss ou Fu Manchu, en se contentant de reprendre la formule des pionniers sans en avoir l'aura et l'inventivité. Red Sun Atacama s'inscrit certes dans la continuité de la scène stoner mais avec sa propre recette, équilibrant de manière intelligente et rudement efficace des influences punks clairement perceptibles avec des passages beaucoup plus psychédéliques, également bienvenus.

L'album s'ouvre sur une intro instrumentale parcourue d'une flûte de pan, plantant ainsi immédiatement le décor dans les Andes. Toutefois derrière la sensation de calme dégagée durant les premières secondes de la piste, un bruit d'ampli monte progressivement en fond sonore pour nous rappeler la teneur de l'album : c'est une tempête de rock ensablé qui nous attends.

Cela nous est très vite confirmé au morceau suivant, The Gold, qui démarre avec une basse vrombissante que l'on retrouvera tout le long de l'album. Le groupe s'emballe alors dans une magnifique cavalcade appuyée rapidement par un chant fougueux, une guitare déchainée et surtout une batterie qui tape fort et bien, dégageant un réel groove ne se limitant pas à un classique (mais efficace) Poum-Tchak. Bien que la musique soit partie dans une course endiablée, le trio se décide finalement à décélérer vers la moitié du morceau pour proposer un apaisante envolée psychédélique, agrémentée d'un orgue Hammond tout droit sorti des 70's. Mais ne vous y trompez pas, cet interlude n'est qu'un moyen de vous faire reprendre un peu votre souffle avant de repartir de plus belle sur la fin du morceau.

Ce sens du rythme et cette maitrise de la composition, on les retrouve tout le long de l'album, lui donnant ainsi une cohérence et une fluidité remarquable. Peut-être trop d'ailleurs, les 35 minutes passant à une vitesse folle, nous faisant en redemander une fois arrivé à la fin du périple. Nous pouvons donc dire qu'avec Licancabur, Red Sun Atacama s'impose comme un groupe extrêmement prometteur de la scène stoner rock française et qui, je pense, devrais nous réserver de belles surprises dans le futur.