Árný Margrét : "Je souhaite juste écrire ce que j'ai envie et je n'ai plus cette peur que j'avais dans mes débuts."

Une voix de feu dans un pays de glace

Elle est une voix qui monte dans les sphères Folk. Árný Margrét a su conquérir les cœurs et les oreilles de nombreux auditeurs par ses sorties studios ou ses performances live. Nous avions d'ailleurs chroniqué son premier album nommé They Only Talk About The Weather, sorti en 2022. Alors qu'elle s'apprête à tourner aux États-Unis, la jeune Islandaise a répondu à nos questions concernant son début de carrière, son processus créatif et ce qui l'attend pour le futur proche.

NDLR : Ce que vous allez lire est une retranscription d'une interview audio, certaines phrases peuvent avoir été modifiées à la retranscription pour le confort de votre lecture, mais aucun propos n'a été déformé.

Soundbather : Salut Árný, comment est-ce que ça va ?

Árný : Ça va bien (rires). Pour le moment, rien à signaler donc tout va bien !

SB : En mars prochain tu fais une tournée aux États-Unis en première partie de Julian Lage. Tu vas aussi jouer au South by Southwest (SXSW) Festival à Austin au Texas. Comment tu te sens vis à vis de ce voyage ?

Árný : Je me sens bien ! C'est enthousiasmant ! Ça va être un long trajet depuis chez moi et je serai loin de ma maison mais je suis impatiente d'y être. Ça va être cool !

SB : Ça ne sera pas ta première fois aux États-Unis si je ne me trompe pas..

Árný : Tout à fait ! En 2022 j'ai joué au Newport Folk Festival et j'ai aussi tourné en première partie de Blake Mills et Pino Palladino. Et puis l'an passé j'ai déjà évolué au SXSW. Donc c'est ma seconde tournée aux USA.

SB : Est-ce que tu appréhendes moins d'aller jouer aux États-Unis vu que tu as eu l'occasion d'y aller par le passé ?

Árný : Exactement ! C'est excitant et je me sens prête !

SB : Comme beaucoup de monde, je t'ai découverte via ton passage chez KEXP. Comment cette opportunité s'est présentée à toi ?

Árný : Le 6 octobre, je devais jouer au Taste of Iceland Festival à Seattle où KEXP est un des partenaires. Ils en ont profité pour que la veille, avec mes autres collègues (ndlr : Eydís Evensen, BSÍ), on puisse réaliser chacun une session dans leurs studios comme ils sont basés à Seattle. Et voilà !

SB : On a aussi pu te voir sur la chaîne 7Layers qui aime dénicher des petites pépites autour de la Folk. Comment s'est passée votre collaboration ?

Árný : En vrai ça s'est fait parce que j'étais prévue à l'affiche de l'Eurosonic aux Pays-bas en 2023. 7Layers m'a proposé de faire une session pour eux et après, ils m'ont demandé si ça me dirait de faire une tournée. C'était vraiment cool de leur part ! Je ne sais plus qui précisément m'a proposé tout ça mais ça s'est réalisé assez rapidement (rires).

SB : L'an passé, tu as eu ta première tournée en solo, des concerts avec 7layers et deux tournées avec Ásgeir. Niveau sorties, tu as eu deux singles avec respectivement Ásgeir et Junius, un EP nommé dinner alone, des clips vidéos... Comment est-ce que tu trouves toute cette énergie pour enchaîner les projets ?

Árný : Oh mon dieu.. Je me souviens d'absolument rien de tout ce que tu m'as dis (rires). En vrai je fais juste les choses sans y penser. Souvent je me dis que je n'en fais pas tant que ça mais je crois que je me suis habituée et j'aime bien ! Je n'avais pas l'impression d'avoir fait énormément de choses mais maintenant que tu me le dis de cette façon (rires). Je n'y pense pas spécialement mais c'est que du plaisir pour le moment donc c'est cool !

SB : Dans une ancienne interview tu avouais être quelqu'un de timide et d'introvertie. Est-ce que le fait de te produire régulièrement devant un public t'a aidé au niveau de ta confiance ?

Árný : Je pense ouais. Quand tu es en tournée, tu dois discuter avec tellement de personnes et travailler avec tellement de contacts différents dans cette industrie. Personnellement je dois parler à mon manager, mon producteur et pour être honnête, ça m'a aidé sur le côté communication et du coup je me sens plus forte ! Aussi, le fait de partir en tournée seule ou quasi seule et de jouer seule sur scène, ça m'a beaucoup apporté.

SB : Tu as appris le piano avant la guitare pourtant il aura fallu attendre la chanson dinner alone de l'EP du même nom pour que tu sortes une chanson piano/voix. Qu'est-ce qui t'as poussé à passer le cap sur cet instrument ?

Árný : Je pense que c'était juste le bon moment. Il y avait toujours un piano chez mes parents et j'ai toujours joué dessus mais je n'ai jamais pensé que je pouvais écrire quelque chose parce que je me trouvais meilleure avec ma guitare. Mais récemment, j'ai pas mal joué au piano et j'ai commencé à écrire. C'est venu tout seul, un peu de nulle part. C'est pas quelque chose de réfléchi mais je suis fière de ce que j'ai produit !

SB : En parlant de cet EP, tu nous offres un panorama de ce que tu peux composer avec du guitare/voix, du piano/voix et aussi une chanson avec un groupe plus fourni qui t'accompagne. Quelle est la formation que tu préfères parmi ces trois ?

Árný : Je les aime toutes ! Je crois que j'ai fait exprès d'avoir cette variété sur mon EP. Une avec du piano, une où je fais une sorte de cri, ce que je fais jamais ! Il y a i went outside avec le groupe et puis celles avec juste une guitare brute et ma voix. C'est un peu toutes les facettes de ce que j'ai envie de faire comme musique. Elles sont toutes différentes mais je les aime beaucoup ! J'ai très souvent joué uniquement avec ma guitare et j'avais aussi envie d'avoir autre chose, de tenter des trucs. J'évolue dans ma façon de faire et je deviens quelqu'un de différent, qui veut tenter des choses plus expérimentales dans l'idée.

SB : J'ai lu que tu avais aussi appris à jouer de la flute et du saxophone. Est-ce qu'on pourrait avoir l'incorporation de ces instruments dans tes projets futurs ?

Árný : Oh mon dieu j'y ai jamais vraiment pensé... Je jouais de la flute et du saxophone soprano. J'ai toujours la flute avec moi mais plus le saxophone donc j'imagine que je pourrais utiliser la flute un jour. On sait jamais ce qui peut arriver dans le futur (rires)

SB : J'ai envie de te parler de waiting qui est sur ton EP et surtout de deux phrases qui sont : “But I'm starting to think that if I would die no one would know. Oh, I'd disappear and the plants would still grow.”. C'est quelque chose d'assez violent et cru finalement. Tu as déclaré que c'était la première fois que tu étais plus directe dans l'écriture de tes paroles. Qu'est-ce qui t'as amené à ce changement par rapport à ton album ?

Árný: Je pense qu'au début, je n'écrivais pas totalement comment je me sentais et ce que je ressentais. C'était camouflé derrière des métaphores, notamment sur la météo. D'ailleurs, sur l'album j'utilise beaucoup cet exemple, entre autres. Maintenant, je suis plus dans un état d'esprit où je m'en fous. Je souhaite juste écrire ce que j'ai envie et je n'ai plus cette peur que j'avais dans mes débuts. Mais ouais, maintenant que tu en parles, ce sont quand même de sacrées paroles (rires). Je pense que je suis plus honnête dans ma démarche et quand j'ai écrit cette chanson, c'était l'état d'esprit dans lequel je me trouvais.

SB : Dans le futur, à quoi est-ce qu'on peut s'attendre de ta part au niveau des paroles ? Toujours plus d'honnêteté ? Un retour aux métaphores ? Un mélange des deux ?

Árný : En, vrai les deux. Je ne réfléchis pas tant à ce que je vais fournir quand je suis en studio pour des chansons. Quand je fabrique un EP ou un album, je mets des chansons que j'aime ensemble. Sans pour autant penser à tout ça. Je ne force rien, c'est juste ma façon naturelle de procéder.

SB : Est-ce que l'on peut s'attendre à de nouvelles choses de ta part cette année ou est-ce que tu vas te concentrer sur des tournées ?

Árný : Je veux vraiment travailler sur un nouvel album. J'aimerais beaucoup le sortir cette année. C'est ce sur quoi je travaille en ce moment.

SB : Comment est-ce que ton entourage et toi travaillez lorsque vous êtes en studio ?

Árný : Je travaille presque en binôme avec mon producteur (ndlr : Guðmundur Kristinn Jónsson ). Parfois j'ai une chanson où je suis seule avec ma guitare et on tente de la faire avec un groupe, mais ça rend pas autant que l'on imaginait. Et parfois c'est l'inverse, ça marche du tonnerre ! Après, on ne me force jamais la main, on fait toujours ce qu'on a envie de faire.

SB : Tu as souvent parlé de Gregory Alan Isakov comme une de tes premières inspirations. Mais quel artiste fait parti de tes plus récentes ?

Arny : En vrai j'écoute encore énormément Gregory. Tout le temps, tous les jours. C'est toujours une immense inspiration pour moi, au niveau des paroles, de la musique etc. Mais j'aime aussi énormément le travail d'Andy Shauf. J'adore sa musique !

SB : Tu as sorti deux chansons en duo l'an passé, avec Ásgeir et avec Junius mais, quel serait le duo de tes rêves ?

Arny : J'adore tellement Gregory que ça serait incroyable ! Avec Bon Iver ou bien Andy Shauf, ça serait génial aussi.

SB : L'Islande a produit tellement d'artistes et de groupes formidables à travers les années et ce, quelque soit le genre musical. Mais si tu devais nous parler d'une formation encore trop méconnue de ton pays, tu choisirais qui ?

Arny : réfléchit

En vrai je sais pas... Islandais c'est ça ? Il y a un trio qui se nomme LÓN qui fait de la folk. On a joué ensemble lors d'un festival. C'est un groupe récent mais les membres ont de l'expérience dans diverses formations avant celle-là. Donc ouais, écoutez LÓN !

SB : Arny, merci énormément pour l'interview. Je te laisse le mot de la fin

Arny : Oh mon dieu je sais pas quoi dire (rires). Passez une bonne journée et soyez gentils les uns envers les autres, c'est tout !

Arny Margret