Arny Margret - They Only Talk About The Weather

Froid, neige, douceur, plaid, cheminée.

Pendant de nombreuses années, les magazines papiers détenaient la clé de nos découvertes musicales. De par leurs interviews, leurs chroniques d'albums ou même des CDs promotionnels contenant des titres nouveaux. Un système qui fut mis à mal par l'explosion d'Internet, rendant la musique et les pépites accessibles au plus grand nombre. Cependant, il existe toujours des personnes qui se font un malin plaisir de proposer des nouveautés par pelletées. On pourrait évoquer les nombreuses chaînes YouTube thématiques comme 666MrDoom ou WherePostRockDwells, mais on va s'arrêter sur une radio devenue reine dans le game des découvertes.

Fondée en 1972 dans l'état de Washington, KEXP (auparavant KCMU) s'est faite un nom pour sa programmation toujours très éclectique et surtout marquée par l'envie de proposer des groupes frais et peu connus à ses auditeurs. On peut noter dans leur "palmarès" la diffusion en eclusivité de deux groupes majeurs du Grunge : Nirvana et Soundgarden. Avec YouTube qui prenait de plus en plus de place, la radio a eu l'idée plutôt bien sentie de filmer les prestations des groupes et artistes invités et de les proposer gratuitement sur leur chaîne. Une façon idoine de pouvoir creuser pendant des heures à la recherche des futurs grands noms ou juste de petites gemmes pouvant occuper des parties de nos journées.

C'est d'ailleurs grâce au travail de recherche des programmateurs et autres passionnés de cette radio que nous avons pu voir l'éclosion et l'explosion de King Gizzard & The Lizard Wizard, All Them Witches, Moundrag ou encore Slift, pour ne citer que quelques exemples. Leur qualité fait qu'il est impossible de ne pas trouver d'artistes qui sauront garnir vos playlists. L'occasion de revenir à nos moutons et d'avancer jusqu'en en novembre 2022. Lors d'une soirée froide d'ennui, l'idée me vint d'aller chiner sur la chaîne Youtube de KEXP pour trouver une musique afin de m'accompagner. Après quelques écoutes peu fructueuses, mes oreilles furent happées par la voix d'une jeune Islandaise, armée de sa guitare sèche.

Sans artifice, Arny Margret venait en une chanson de conquérir mon cœur. Issue de son EP du même nom, Intertwined est une ballade folk sublime où la voix de la chanteuse brille de sa pureté et de sa douceur. Il n'en fallait pas plus pour que ma soirée soit consacrée à découvrir la discographie de l'artiste. Un EP 4 titres et donc un album, sortis tous les deux en 2022 pour me tenir compagnie. Au fil des écoutes, They Only Talk About The Weather s'imposait comme un acolyte de mes nuits sombres, tristes, froides, à l'image de la fin d'automne que je traversais.

Le disque s'ouvre sur Whatever It Means qui donnera le ton au reste de la tracklist. Une piste d'un peu plus de trois minutes avec Arny, sa guitare et sa voix. Une sensation de confort se dégage directement de l'écoute et en même temps, la neige commence à tomber. Il faut dire que la jeune artiste s'est inspirée des jours et nuits longues de son Islande natale. Cette sensation hivernale ne quittera jamais le disque, quelque chose d'approprié vu le titre de ce dernier. La production limpide pendant les quarante minutes aidera à fournir cette idée de cocon crée par la voix et la musique d'Arny Margret.

Une des forces de cet album réside dans sa variété. Si l'on retrouve toujours le duo guitare/voix, il est parfois accompagné d'autres instruments comme d'une batterie sur Cold Aired Breeze ou Ties, une basse ou bien d'un piano sur la majorité des pistes, offrant un tapis sonore toujours bienvenu. On peut aussi souligner la volonté de doubler les voix sur plusieurs titres, une idée bien sentie tant l'organe de la jeune Islandaise est d'une pureté admirable. L'occasion de saluer sa faculté à moduler son chant pour aller chercher des registres plus aigus ou bien des fredonnements plus graves et réconfortants. Avec toujours une belle justesse d'exécution.

De nombreux titres méritent d'être mis en avant, si ce n'est tout le disque finalement, mais impossible de ne pas mentionner The World Is Between Us, véritable synthèse du paragraphe précédent. On retrouve le duo guitare/voix d'Arny avec quelques passages doublés. En fond sonore, une basse, une seconde guitare qui fait même une plus belle apparition sur le deuxième refrain, les fredonnements qui viennent ajouter un coté cotonneux à l'ensemble et un dernier chorus un peu plus habillé avant de revenir sur une fin plus douce et calme. Via l'utilisation du format radiophonique basique, la chanteuse a posé un classique de la folk. Rien n'est nouveau, mais sa façon de le faire est d'une fraicheur telle qu'on la savoure sans modération.

Pour un premier longue durée, Arny Margret a su poser un disque d'une qualité remarquable. Un véritable cocon de douceur et de fraîcheur qui ne demande qu'à trouver de nouvelles oreilles. Et surtout, une magnifique leçon que les plus belles découvertes sont parfois celles qui nous sortent de notre zone de confort. Pendant ce temps, l'artiste nordique pourra continuer à nous parler de la météo autant qu'elle veut, vu son talent, elle pourrait réciter l'annuaire téléphonique qu'on serait quand même transporté. Longue vie Mme Margret, en espérant maintenant que ce premier album en appellera d'autres.

DélicatesseIndice de la douceur de l'album. 1/5 : l'album est assez sec. 5/5 : l'album est un champ de coton
MélancolieL'album inspire plus ou moins la mélancolie, les sentiments maussades et embaumés d'un vague à l’âme. 1/5 : Vous ressentez une légère pique de tristesse. 5/5 : Vous êtes plongé dans les tréfonds du spleen
Consigne du maître nageur :
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Slip de bain

They Only Talk About The Weather
Árný Margrét
"They Only Talk About The Weather"