Arny Margret - I Miss You, I Do

Maturité, douceur et voyage

En 2022, Arny Margret était une jeune chanteuse de Folk nous narrant sa vie dans son Islande natale. Une ambiance feutrée, calme, douce et mélancolique se dégageait de ses textes et de sa musique. They Only Talk About The Weather a offert à l'artiste une exposition lui permettant de jouer à travers l'Europe et même aux États-Unis. Des voyages qui lui permettront de grandir, de mûrir et de travailler sur un successeur à ce premier longue durée.

Avant cela, un EP nous avait été proposé. dinner alone est composé de quatre titres et déjà, la volonté de proposer autre chose chez l'Islandaise était palpable. Qu'il s'agisse de l'instrumentation plus fournie sur waiting, la première fois au piano-voix sur dinner alone ou bien des textes plus intimistes au global, Arny Margret s'est ouverte au monde et s'est plus livrée. De quoi lui apporter une expérience supplémentaire. En ajoutant son travail avec Junius ou encore Ásgeir, on retrouve une musicienne avec un éventail musical plus fourni. Sachant tout cela, l'attente autour d'un deuxième album allait forcément être élevée d'autant plus que cette fois, les facteurs surprise et découverte n'allaient plus être parmi nous.

On retrouve toujours le timbre de voix doux de Margret mais l'enrobage autour est plus complet. Qu'il s'agisse de petits ajouts de batterie, de basse ou de clavier sur certaines pistes ou bien l'incorporation d'un vrai groupe comme sur Day Old Thoughts, chaque piste développe l'univers musical de l'Islandaise qui fut grandement inspiré par ses voyages aux États-Unis. L'occasion de retrouver pas mal d'influences de la Folk Américaine, par l'ajout de banjo ou d'harmonica, comme sur Happy New Year, You're Mine, I'm Yours ou bien Greyhound Station. On peut aussi citer la légère influence Feist sur Born In Spring.

Une instrumentation plus riche pour une voix beaucoup plus maitrisée. L'insouciance du premier album est contenue, ce qui n'empêche pas la chanteuse de briller par la justesse de ses intentions. On retrouve en prime une volonté plus présente de doubler certaines pistes vocales, de quoi agrémenter le spectre sonore d'encore plus de douceur. Une volupté qui contraste parfois avec la dureté de certains textes. Quelque chose que l'on peut percevoir dès la première ligne de I Miss You, I Do, titre d'ouverture :

Twenty-three and a midlife crisis
Will you sing me to sleep?

Une anxiété qui se ressent sur quelques pistes, qu'il s'agisse de l'excellente Day Old Thoughts :

Anxious so I make myself
Look so that I'm doing well
I’ll tell you that I’m better
So you’ll feel a bit better

Ou bien sur sa suivante sur la tracklist, la plus intimiste Maybe I've Wasted My Life, titre assez explicite qui parle des moments d'overthinking. Une piste qui voit son refrain évoluer en prenant une échelle de temps de plus en plus importante, passant de "my days" à "my time" pour terminer sur "my life".

Oh, I've gotten older, a little less kind
'Cause if you say what you mean, you can't be kind
I try to be better, I try to be bright
But these days are so damn dark all of the time

Depuis son EP dinner alone, la chanteuse s'ouvre plus frontalement sur des sujets sérieux mais elle ne prend pas que ça de ses précédentes sorties. Comme pour They Only Talk About The Weather, la lyriciste évoque deux sujets qui lui tiennent à cœur. En premier lieu, sa maman : de manière récurrente, Arny Margret parle de sa relation avec elle, du fait que les deux femmes partagent le même regard et plus largement, l'amour de la fille envers sa mère avec en point d'orgue le titre I Love You :

And you still have the same smilе
Oh, and you gave me your eyеs
They never said it so I'll say it
Oh, I love you
Hmm, I love you

Le second sujet marquant est l'amitié, sujet de la chanson You're Mine, I'm Yours, mais on trouve aussi une relation particulière, celle que l'Islandaise entretient avec Miya Saito, membre du groupe Japonais Ålborg. Déjà évoquée sur le premier album d'Arny via la piste The World Is Between Us, elle récidive sur son deuxième opus avec le titre éponyme qui fut l'occasion pour les deux femmes de se mettre en scène dans le clip

Pendant 35 minutes, Arny Margret se mue en conteuse d'histoires. On quitte son Islande natale pour la suivre à travers son road trip américain, rempli de ses doutes, ses certitudes et son amour débordant pour les personnes chères à son cœur. Une deuxième livrée totalement réussie qui aura mis trois ans à débarquer après un premier disque déjà couvert de louanges par ici. De quoi créer encore plus d'attentes pour de futures sorties mais si l'Islandaise poursuit sur cette lancée, nul doute que nous serons encore plus sous le charme de son talent.

DélicatesseIndice de la douceur de l'album. 1/5 : l'album est assez sec. 5/5 : l'album est un champ de coton
MélancolieL'album inspire plus ou moins la mélancolie, les sentiments maussades et embaumés d'un vague à l’âme. 1/5 : Vous ressentez une légère pique de tristesse. 5/5 : Vous êtes plongé dans les tréfonds du spleen
ViolenceIndice de la violence de l'album. 1/5 : l'album est doux et vous susurre des paroles réconfortantes. 5/5 : l'album vous hurle dessus et vous insulte en bosniaque sous-titré slovaque
Consigne du maître nageur :
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Slip de bain

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Árný Margrét
"I Miss You, I Do"