Foals - Total Life Forever

Voyage en eau claire

On ne le dira jamais assez : avoir une belle pochette est un atout considérable dans la musique. Elle est le premier contact que nous avons avec l’album avant même de l’écouter. Malheureusement, les tendances actuelles voudraient que nous laissions sa création à des IA et non plus à des graphistes ou des photographes. Cela amène une certaine uniformité et une froideur aux groupes y faisant appel. En plus de voler leur travail, on perd l’essence même de la création artistique : l’humain. Rien ne remplacera une personne en chair et en os avec ses crayons, sa tablette graphique ou encore derrière sa vision des choses.

Foals nous ont littéralement fait plonger dans leur univers avec la pochette de leur deuxième album : Total Life Forever. Habillée par une sublime photographie prise par Tinhead, elle dépeint parfaitement l’ambiance du disque. On se sent flotter dans un océan sonore limpide, nous laissant rêveur en contemplant cette immensité.

Foals groupe Photo du groupe à l'époque de la sortie de Total Life Forever - Crédits : Paul Bergen / Redferns

Là où le groupe avait fait forte impression avec Antidotes, un premier effort Math Rock énergique et fougueux, ce second disque conserve le même squelette mais gagne drastiquement en maturité et en construction d’atmosphères tantôt chaleureuses, tantôt mélancoliques. Le groupe prend plus son temps, pose les ambiances et adjoint de nouvelles couleurs musicales à une palette sonore déjà bien garnie pour un début de carrière.

Le changement s’entend dès les premières notes de Blue Blood. Adieux les cuivres, et bonjour la New wave ! De douces nappes de guitares et la voix de Yannis Philipakis nous accueillent avec délicatesse sur près d’une minute trente, avant que la basse et la batterie syncopée ne se joignent à la fête. La recette de cette cuvée 2010 est posée dès cette introduction : des rythmiques dansantes, des harmonies vocales à gogo, une atmosphère réconfortante et des musiciens en symbiose. Deux années seulement séparent leurs deux premières sorties et les Britanniques ont d’ores et déjà su brillamment faire évoluer leur musique, le Math-Rock des débuts se retrouvant bien plus dilué. Foals se montre généreux et nous offre des tubes à la pelle. Comment ne pas bouger son popotin sur les rythmiques Afrobeat de Miami ou de This Orient ? Comment peut-on ne pas avoir envie de chanter le refrain du titre éponyme au point de s’égosiller ?

On ne peut que saluer l’ambition, pour un groupe si jeune à cette époque, de vouloir mélanger autant de styles différents. New Wave, puis Post-punk ne sont jamais très loin. On retrouve aussi des influences Prog 70’s comme sur le délicieux Black Gold. Une instrumentation acoustique et feutrée, découlant peu à peu en une lumineuse explosion de guitares cristallines et d’un jeu de batterie à la fois technique et en retrait.

Enfin, ce disque renferme un joyau, venant symboliser toute la force créative de la formation : Spanish Sahara. Morceau d'une pureté rarement égalée, il fait partie des meilleurs titres de leur carrière. On se sent flotter, chaque note venant nous envelopper de sa douceur. Un véritable câlin musical qui prend le temps de poser son ambiance afin de gagner en puissance au fur et à mesure du temps. Et lorsque son climax arrive, on est subjugué par toutes ces textures de production qui rendent Spanish Sahara tout simplement unique. Enfin, son texte est un message d’espoir qui donne envie de se dépasser. Message qui semble nécessaire dans ce monde parfois trop morose :

The Spanish Sahara, the place that you'd wanna
Leave the horror here
Forget the horror here
Forget the horror here
Leave it all down here
It's future rust and then it's future dust

Alors que Antidotes se faisait fougueux et intense (on regrettera cependant ici l’absence des cuivres qui faisaient l’un de ses nombreux charmes, le rendant unique dans la discographie des britanniques), Total Life Forever se montre plus délicat et posé, faisant de lui un véritable cocon. L’écouter, c’est nager dans un océan sonore durant près de 50 minutes, sans qu’aucun titre ne semble en trop. Ce deuxième longue durée, c’est le symbole d’une prise de risque pour Foals qui a fini par payer, tant leur popularité a commencé à exploser à partir de cet album. Les poulains sont désormais lancés dans leur course, et rien ne semble pouvoir les arrêter dans leur galop.

DiversitéLa profusion d'ambiance que propose l'album. 1/5: Le disque est un monolithe uniforme. 5/5: Les pistes passent régulièrement du coq à l'âne et de l'âne au coq.
ClartéL'album est superbement produit, le son est de velour et vous donne envie de jouir, 5 sur 5. Si au contraire, l'album est produit avec des jouets toys'r'us; et donne envie à vos oreilles de saigner de s'autoflageller avec un port jack de 1.5m, alors 1 sur 5
ImmersionIndice de l'immersion dans le voyage musical. 1/5 : l'album s'écoute les pieds bien au sol 5/5 : l'album vous emmène dans un tunnel de couleur et de sensations
FluiditéA quel point l'album est digeste sur la durée de l'écoute. 1/5 : Chaque note parait plus longue que la précédente. Cela peut être une bonne ou une mauvaise chose 5/5 : L'album s'écoute facilement, le temps passe vite
Consigne du maître nageur :
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Slip de bain

Total Life Forever
Foals
"Total Life Forever"